Dans la matinée de ce lundi, 03 mars 2025, plusieurs marchands évoluant au sein du marché Bantounka, sis quartier Cosa dans la commune de Lambanyi, ont battu le pavé. Ces hommes et femmes protestent contre un éventuel bail de leur lieu de vente à un particulier.Considérant que le terrain n’est la propriété de l’Etat, ces frondeurs accusent la mairie de Lambanyi d’être derrière cette manœuvre sans l’autorisation de la hiérarchie.


«Le marché de Bantounka n’est pas un domaine de l’État. La mairie de Ratoma a usurpé son pouvoir en établissant un titre foncier en son nom pour faire passer un bail. Ce qui n’ est illégal. Dans le plan cadastral de Ratoma, le marché de Bantounka n’appartient pas à l’État. Nous demandons aux autorités compétentes de ne pas écouter ceux qui, sous prétexte de modernisation, veulent nous expulser pour privilégier un seul individu. Seul l’État a le pouvoir de démolir un marché, un individu ne peut pas le faire. Si l’État décide de récupérer ce marché, nous n’avons aucun problème avec cela, mais ce sont des bandits qui tentent d’expulser de pauvres citoyens. Certaines autorités affirment ne pas être informées. Si elles l’étaient, une équipe compétente serait venue en plein jour pour inspecter et fixer une date. Ce n’est pas en pleine nuit, à 2 heures du matin, qu’on vient marquer des maisons. L’État est fort et transparent. Lorsqu’il intervient officiellement, tout le monde est au courant. À Kiroti et à Koloma, c’est l’État qui agissait. Soyons sérieux. Ils veulent ternir l’image du président de la République, mais cela ne marchera pas», a déclaré Ibrahima Diallo, commerçant au marché de Bantounka.

L’un des occupants de cet espace depuis des décennies, El Hadj Ibrahima Baldé, alerte le président du CNRD sur une menace du déguerpissement de plus de 1000 personnes: «Le marché a été créé en 1993. Chacun a payé un terrain et construit selon ses moyens. J’ai été le premier à investir ici, puis d’autres ont suivi. Aujourd’hui, si quelqu’un décide de venir chasser près de 1.500 personnes sous prétexte qu’il a de l’argent, où irons-nous ? Après Kiroti et Koloma, maintenant c’est Bantounka ? Nous demandons au Général Mamadi Doumbouya de nous venir en aide. Celui qui a de l’argent peut acheter ailleurs et construire, mais il ne doit pas exploiter les pauvres pour s’enrichir», a déclaré M. Baldé.

En détresse, Mme Yamon Hélène Loua, vendeuse, ne compte que sur ce marché où elle fait ses petits pour subvenir aux besoins de sa famille: «Je viens de N’Zérékoré et je suis installée dans ce marché depuis 1993. Lorsque des commerçants ont été chassés en 1997, j’étais encore là. C’est ici que je gagne mon pain quotidien pour mes enfants et moi. Mon mari est décédé en 2018 et j’ai cinq enfants scolarisés. Nous n’avons nulle part où aller. Nous sollicitons l’aide du président Mamadi Doumbouya, car nous ne savons pas où nous installer à Conakry», a sollicité cette veuve et mère de famille.

Consciente des effets indésirables du retrait de leur espace de vente: Dame Mariam Bah, soupçonne le maire de Lambanyi d’être complice dans ce dossier: «Que veulent-ils ? Créer des tensions dans un pays où il y a la paix ? Nous interpellons le Président Mamadi Doumbouya pour qu’il vienne en aide aux mamans de ce marché. Le maire de Lambanyi ne défend pas les pauvres, il privilégie les plus riches. Si cela continue, je ne pense pas que la paix puisse être maintenue dans ce pays», a laissé entendre cette vendeuse au marché de Bantounka.
Saliou Benjamin Camara pour Guineesouverain.com
622 32 82 84