Le Bénin a interdit l’embarquement du pétrole en provenance du Niger au port de Cotonou tant que ce pays maintient sa frontière fermée.
Patrice Talon, président du Bénin, a justifié la décision de son pays de bloquer les expéditions de pétrole brut en provenance du Niger, qui transitent par le pipeline construit conjointement par les deux nations. Il décrit cette mesure « comme difficile mais nécessaire ».
« Il est impératif de rétablir des échanges économiques formels pour permettre le transit de biens, y compris le pétrole, à travers le Bénin pour leur expédition. Nous avons communiqué cette exigence aux autorités nigériennes sans recevoir de réponse satisfaisante », a déclaré M. Talon le 8 mai 2024.
Malgré l’assouplissement des sanctions imposées par la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Niger persiste à fermer ses frontières avec le Bénin, invoquant la présence de « troupes ennemies » opérant en collaboration avec le Bénin.
Cette fermeture des frontières terrestres a engendré des échanges informels, entraînant une hausse des prix des céréales de part et d’autre de la frontière, dans le cadre de transactions finalement illicites, car non approuvées par les dirigeants nigériens.
Selon le président Talon, bien que ces perturbations aient été tolérées dans un esprit humanitaire, permettant au Bénin, devenu exportateur net de céréales, de soutenir les « peuples frères » du Niger, la situation est différente pour le transport de pétrole par pipeline. Ce dernier, reposant sur un contrat formel, ne peut être sujet à des échanges informels.
« Les entreprises chinoises nous ont informés des intentions des autorités nigériennes. Toutefois, cette méthode de communication n’est pas adéquate, car les États ne devraient pas interagir via des prestataires privés. Nous avons donc informé les Chinois qu’ils ne peuvent pas utiliser nos eaux pour charger des produits nigériens tant que le Niger maintient ses frontières fermées avec le Bénin, » a précisé le président béninois.
Le pipeline, s’étendant sur 2000 kilomètres jusqu’au terminal pétrolier de Seme, à la frontière entre le Nigeria et le Bénin, est régi par un contrat détaillé dans les rapports de l’ITIE sur le Niger. Ce document définit les modalités de coopération et d’exploitation entre les deux pays, incluant la gestion des volumes et les responsabilités des parties prenantes.
Récemment, il a été révélé que le Niger avait obtenu un prêt de 400 millions de dollars de la Chine, avec un taux d’intérêt de 7% et un remboursement sur un an, présenté comme une avance sur les ventes de pétrole brut. Cependant, il reste incertain si les négociateurs nigériens ont pris en compte les attentes du Bénin concernant les revenus (0,5 dollar par baril durant les dix premières années) et les taxes. D’après les déclarations de M. Talon, il semblerait que non. AFP