Avec plus de 30 ans de carrière à son actif, Tiken Jah Fakoly, la voix interntionale du reggae africain, revient sur le devant de la scène avec un album tout aussi engagé que ceux qui le précèdent.
Tiken Jah Fakoly, la voix du reggae africain moderne marque son retour en grande pompe avec un 12e album intitulé « Braquage de pouvoir ».
Fidèle à lui-même, le quinquagénaire, continue à dénoncer le népotisme et les nombreux dysfonctionnement politique qui sévissent sur le continent africain tout en prêchant l’union et le panafricanisme.
« Personne ne changera les choses pour le peuple. Et qui de mieux que le reggae aujourd’hui pour galvaniser le peuple ? Et c’est ce rôle que nous essayons de jouer ».
Son premier disque solo « Mangercratie » (1999), porte sur une démocratie avalée par certains prédateurs au pouvoir. Un néologisme similaire surgit du morceau-titre « Braquage de pouvoir » avec « Le peuple dit non à la famillecratie », missile lancé sur le népotisme.
Avec plus de trente ans de carrière et douze albums à son actif, les chansons de l’artiste résonne bien au-delà des frontières de son pays natal, la Côte d’Ivoire. De Madagascar à la ville de Lyon, les chansons de Tiken Jah Fakoly sont reprises lors de manifestations de par leur universalité et leur intemporalité.
Sur son nouvel album, la chanson « Où vas-tu ? » met en lumière « les difficultés de la traversée » sur des bateaux de fortune vers l’eldorado européen.
« Dans » Où vas-tu « , le but est vraiment d’informer la jeunesse africaine sur les difficultés de la traversée. Parce que les photos qu’ils reçoivent de Paris ou de New York sont prises peut-être sur les Champs-Elysées ou sur les grands boulevards de l’Ouest. Nous leur disons qu’il y a ça, oui, mais il y a la réalité de la traversée qui peut conduire à la mort. Nous leur disons que la Méditerranée est devenue l’un des plus grands cimetières de la jeunesse africaine ces dernières années, » explique le reggae man.
« Beau continent », un autre morceau du nouvel album, rebondit sur le sujet : pas forcément besoin de partir vers l’Europe, un avenir peut se construire sur le continent africain.
« Je pense que c’est le continent de l’avenir, le continent où tout reste à faire. Vous savez, ça fait seulement soixante ans que nous sommes sortis de l’esclavage et de la colonisation, donc nous sommes juste, nous sommes juste au début. Il faut juste continuer le combat, faire les choses qui doivent être faites et il n’y a aucune raison que lorsque nous atteindrons 200 ans d’indépendance, nous ne soyons pas au niveau de développement de la France. »
En attendant, le musicien agit à son échelle à travers l’ambassade du reggae, un havre pour les jeunes artistes avec salles de répétition au « standard européen », pour ne pas revivre le temps des pionniers, quand ses percussionnistes « répétaient en tapant sur des casseroles », situé dans la commune de Yopougon, au nord de la capitale ivoirienne.
C’est sans oublier, sa fierté, « la seule bibliothèque complète sur le reggae et le rastafarisme » en Afrique et une « radio FM pour diffuser le reggae et la musique urbaine afin d’aider la nouvelle génération ».
AFP