Une quinzaine de syndicats burkinabè réunis dans un collectif ont appelé à un rassemblement le 31 octobre à Ouagadougou pour protester contre des « restrictions de libertés » instaurées selon eux par les autorités militaires du pays.
« Nous avons un certain nombre de préoccupations sur lesquelles nous souhaitons interpeller les autorités. Cela se fera lors d’un meeting prévu le mardi 31 octobre au sein de la Bourse du travail », a déclaré le secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B), Moussa Diallo, en marge d’une rencontre nationale de ce collectif syndical qui s’achève mercredi.
« Il s’agit principalement de la restriction des libertés individuelles et collectives (qui) se traduit sur le terrain par des disparitions forcées de citoyens, des enlèvements de citoyens par des individus armés et encagoulés, des enrôlements forcés, des mesures de fermeture d’organes de presse, etc. », a poursuivi M. Diallo.
Plusieurs cas d’enlèvement ont été rapportés ces derniers mois par des sources locales dans la capitale burkinabè. Début septembre, alors qu’il officiait dans un centre de santé, un médecin anesthésiste a été emmené de force par des militaires après avoir reçu une réquisition de l’armée.
Fin juillet, un ancien député maire, Issouf Nikièma, avait été enlevé par des hommes armés et encagoulés à Ouagadougou, avant d’être libéré quelques jours plus tard.
La CGT-B a par ailleurs invité les autorités militaires à lever l’interdiction de manifestation sur la voie publique, instaurée au lendemain de leur prise du pouvoir, par un coup d’Etat en septembre 2022.
« Le peuple burkinabè a payé assez cher pour conquérir les libertés démocratiques et syndicales et nous ne voudrions pas accepter que quelqu’un les balaie d’un revers de la main », a martelé M. Diallo.
En avril, l’Unité d’action syndicale (UAS), une autre organisation regroupant les principaux syndicats du Burkina Faso, avait déploré les « dérives des autorités » et exigé la libération de personnes « enrôlées de force » comme Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs civils de l’armée).
Fin mars, le MBDHP et le CISC, deux organisations de défense des droits humains burkinabè, avaient de leur côté déploré la « tendance actuelle à la négation récurrente et systématique des libertés d’opinion et d’expression de citoyens ».
Arrivé au pouvoir lors d’un coup d’Etat en septembre, le second en huit mois, le capitaine Ibrahim Traoré a signé en avril un décret de « mobilisation générale » d’une durée d’un an, permettant si besoin la réquisition des « jeunes de 18 ans et plus » pour lutter contre les djihadistes qui ensanglantent ce pays.
Ces violences ont fait plus de 17 000 morts civils et militaires depuis 2015, et deux millions de déplacés à l’intérieur du pays.