Le chef de la junte militaire burkinabè a affiché mardi sa « détermination » à combattre les djihadistes après une embuscade qui a tué au moins 51 de ses soldats, et reçu le soutien de partis et d’autres organisations face à cette attaque jugée « barbare ».
L’embuscade tendue vendredi à une patrouille de l’armée dans la région du Sahel (nord) a été suivie « d’intenses combats », selon l’armée qui a donné lundi un « bilan provisoire » de 51 soldats tués et environ 160 djihadistes « neutralisés ».
Face à cette attaque, la plus meurtrière depuis qu’il a pris le pouvoir fin septembre par un coup d’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré a affirmé mardi dans un message que dans ce « combat parsemé d’embûches », le « sursaut patriotique » et la « détermination » des autorités restaient « intacts jusqu’à la victoire finale » contre les groupes djihadistes.
Burkina Faso : au moins 51 soldats tués dans une embuscade https://t.co/LyF7lxhHzQ
— Guinéesouverain.com (@GuineeSouverain) February 21, 2023
Les premiers partis politiques à avoir réagi, dont les activités sont pourtant suspendues depuis le coup d’Etat de Traoré, lui ont exprimé leur soutien.
« En ces heures difficiles, j’exhorte tous les Burkinabè à cultiver l’esprit d’unité nationale, et à soutenir les autorités de la transition, dans leur détermination à restaurer notre intégrité territoriale », a ainsi déclaré dans un communiqué Zéphirin Diabré, président de l’Union pour le changement (UPC).
M. Diabré, qui a dénoncé une « attaque horrible et barbare », est l’ancien ministre de la Réconciliation nationale du président Roch Marc Christian Kaboré, renversé en janvier 2022 lors d’un premier putsch pour son « incapacité » à combattre les groupes djihadistes dont les attaques ensanglantent le Burkina depuis 2015.
Le Parti panafricain pour le salut (PPS), considéré comme plutôt proche des militaires putschistes, a également condamné une « attaque lâche, ignoble et barbare, qui plonge encore la population déjà meurtrie dans la douleur et le deuil par une série d’attaques des groupes armées terroristes dans plusieurs localités du pays ».
« En ces moments difficiles », le Conseil national de la jeunesse du Burkina Faso (CNJ-BF), organisation de la société civile proche de la junte, a invité dans un communiqué « tous les jeunes à une union nationale et sacrée autour » des forces armées, de leurs supplétifs civils et des autorités « dans leur détermination à restaurer notre intégrité territoriale ».
Les raids meurtriers attribués à des djihadistes se sont multipliés ces dernières semaines au Burkina Faso. Au total, avec l’attaque de vendredi, près de 200 civils et militaires sont morts depuis début février, selon un décompte de l’AFP.
Le pays, théâtre de deux coups d’Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences djihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.
Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10 000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.
Peu après avoir pris le pouvoir, le capitaine Traoré, s’était donné pour objectif de « reconquérir » les quelque 40% du territoire burkinabè contrôlé par les groupes djihadiste affiliés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique.
Mais depuis, les attaques qui leur sont attribuées n’ont fait qu’augmenter et l’embuscade de vendredi est « la première vraie épreuve du capitaine Traoré », titre mardi L’Observateur Paalga, un influent quotidien indépendant.
Son lourd bilan interpelle. « Comment comprendre que sept ans après, malgré les modes opératoires connus de tous, nos forces combattantes tombent toujours dans des embuscades de ce genre ? », s’interroge ainsi l’analyste politique Harouna Traoré.
« Pourquoi faire des patrouilles sans surveillance aérienne ? Aujourd’hui nous avons des drones, des avions de reconnaissance, donc normalement nous ne devrions plus tomber dans des embuscades », ajoute-t-il.
Soucieuse de retrouver leur « souveraineté » dans la lutte anti-djihadiste, les autorités du Burkina ont demandé le mois dernier à la force française Sabre, composée de 400 forces spéciales, de quitter le pays.
L’attaque la plus meurtrière jamais commise dans le pays reste à ce jour celle de Solhan (nord) en juin 2021, qui avait fait de 130 à 160 morts civils, selon les bilans.
Mais celle qui avait tué 57 gendarmes à Inata (nord) laissés livrés à eux-mêmes en novembre 2021, avait laissé un profond traumatisme au sein de l’opinion et des forces armées. Elle s’était produite peu avant le premier coup d’Etat de janvier 2022.
AFP