L’Assemblée nationale burundaise a approuvé mercredi la nomination d’un nouveau Premier Ministre. Le lieutenant-général de police Gervais Ndirakobuca remplacera Alain Guillaume Bunyoni. Le président Ndayishimiye ne cessait de se plaindre d’avoir les mains liées depuis son accession au pouvoir il y a deux ans.
Pénurie de carburant, de bières et limonades, de sucre, d’engrais chimiques, explosion des prix des produits de première nécessité… la situation économique du Burundi, désormais le pays le plus pauvre du monde, n’a cessé d’empirer depuis que Évariste Ndayishimiye est au pouvoir. Un échec qu’il a toujours imputé à certains de ses collaborateurs qui « sabotent » son action, selon lui.
Un système politique hérité du président Nkurunziza
Mais impossible jusqu’ici de toucher à l’architecture du pouvoir que lui avait légué le président Pierre Nkurunziza, décédé juste avant sa prestation de serment il y a deux ans. Ce système a été construit autour des principaux généraux issus du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, qui contrôlent d’une main de fer tous les leviers du pouvoir. Et son premier ministre jusqu’à mercredi, le général Alain Guillaume Bunyoni en était l’un des principaux rouages.
Ce changement de Premier ministre est le résultat de luttes internes dans le système. On savait qu’il y avait un bras de fer ou une mésentente très forte entre le président Ndayishimiye et son Premier ministre Bunyoni. Bunyoni se sentait menacé dans ses intérêts stratégiques et économiques surtout. Dans le domaine des minerais, du pétrole ou des passeports, c’était un homme qui avait accaparé des pans entiers de l’économie burundaise.
Pacifique Nininahazwe (Focodé): Alain Guillaume Bunyoni «avait accaparé des pans entiers de l’économie burundaise»
Mais Évariste Ndayishimiye n’en pouvait plus et a décidé de hausser le ton il y a une semaine, après avoir reçu le soutien de la grande majorité de ces hauts gradés. Il a alors dénoncé publiquement, il y a quelques jours, certains hauts responsables qui se croient « tout-puissants », qui sabotent son action et qui auraient des velléités de coup d’État.
Il est donc passé à l’action mercredi, en nommant un premier ministre jugé qui lui est acquis, selon un cadre burundais. Il a dans la foulée libéralisée notamment l’importation et le commerce du sucre, du ciment et des engrais, jusqu’ici aux mains de certains caciques du pouvoir, qui avaient un monopole sur ces produits devenus objets de spéculation.
Gervais Ndirakobuca est très présent depuis la prise de pouvoir par le CNDD en 2005. Pendant très longtemps, il a été le directeur adjoint de la police du Burundi. Et pendant cette période, il y a eu beaucoup de crimes commis par la police du Burundi.
Avec Rfi