«Les hommes sont si aveugles, si entraînés par le besoin du moment, qu’un trompeur trouve toujours quelqu’un qui se laisse tromper», a dit Nicolas Machiavel.
Le Général Mamady Doumbouya est arrivé au pouvoir le 05 Septembre 2021 suite à un coup d’Etat perpétré contre le régime du Prof Alpha CONDÉ évoquant comme motif le troisième mandat, l’instrumentalisation de la justice, les détournements de fonds, la gabegie financière, la politisation à outrance de l’administration publique… entres autres.
Il impose unilatéralement la charte de la transition dans laquelle il est mentionné clairement (Article 46) : «Le Président et les membres du Comité National du Rassemblement pour le Développement ne peuvent faire acte de candidature ni aux élections nationales ni aux élections locales qui seront organisées pour marquer la fin de la Transition. La présente disposition n’est susceptible d’aucune révision». Plus loin, il à réitéré le même engagement sur la question de sa candidature devant le micro de Alain Foka (RFI) :«Je pense que j’ai été clair et je vais l’être aujourd’hui encore que ni moi ni aucun membre de cette transition ne sera candidat à quoique ce soit. Nous allons mener la transition à bon port avec tous les Guinéens, avec inclusivité..». Il signe les 35 résolutions du cadre du cadre de dialogue inclusif inter guinéen devant aboutir à l’organisation de toutes les élections en Guinée avant le 31 Décembre 2024. Un accord est signé entre le CNRD et la CEDEAO sur les 24 mois de la transition dont l’échéance est également prévue le 31 décembre 2024. Le même Mamady Doumbouya a officiellement déclaré qu’il ne fera pas un jour de plus au pouvoir après le 31 décembre 2024. Qu’en est-il de tous les engagements pris le 05 septembre 2021 ?
Même s’il ne s’engageait pas à être candidat à l’élection présidentielle, il lui serait judicieux de s’en éloigner pour des questions de valeurs, de dignité , d’honneur et de principe. L’histoire du capitaine Moussa Dadis Camara est récente où quand il a dit qu’il est citoyen guinéen au même titre que les autres, qu’il peut même ôter sa tenue militaire pour être candidat. Les acteurs politiques n’ont pas tardé à agir à travers une manifestation gigantesque pour s’opposer à cette candidature. Plus de 150 de nos compatriotes ont été froidement abattus, des centaines de blessés et plusieurs femmes ont été violées au stade du 28 septembre. C’est le régime actuel qui a organisé le procès de ces massacres aboutissant à la condamnation du capitaine Dadis reconnu coupable de crimes contre l’humanité et condamné à 20 ans de prison.
L’histoire se répétera t-elle?
Nous ne souhaitons pas du tout cela. Les acteurs socio-politiques attendent l’occasion ultime pour engager des actions de contestation: l’officialisation de la candidature de Doumbouya et l’échéance de l’accord signé avec la CEDEAO (le 31 décembre 2024).
Les mouvements de soutien commencent à se multiplier pour la candidature de Doumbouya aux élections présidentielles. Ces jeunes, hommes et femmes veulent induire le Général à commettre l’irréparable, car la victoire a beaucoup d’amis et la défaite est orpheline.
La propagande gouvernementale est déjà lancée.
Monsieur Amadou Oury Bah PM : «Une Constitution doit être impersonnelle. Par conséquent, lorsque le moment sera venu, tout citoyen remplissant les critères pourra se porter candidat, y compris le général. À ce moment-là, le peuple décidera qui, homme ou femme, présidera à ses destinées», déclare t-il dans l’émission “Droit de Savoir” sur West Africa TV.
Le président du CNT Dr Dansa Kourouma sur RFI déclare : «La charte de la transition est un acte transitoire, la constitution est une loi suprême ou la loi fondamentale qui va régir la vie politique, sociale et économique de la Guinée pour les 30 à 50 années à venir. Aucune constitution n’a mentionné des catégories de personnes qui ne peuvent faire acte de candidature à une élection».
Le secrétaire Général à la présidence de la République enchaîne : « Si le président Doumbouya souhaite être candidat, je l’encouragerais vivement pour la refondation de notre pays».
Ils sont tous entrain de préparer la conscience du peuple à accepter une telle forfaiture oubliant que nous allons nous opposer becs et ongles à ce projet suicidaire comme nous l’avons fait contre la candidature du capitaine Dadis en 2009 et le troisième mandat du Prof Alpha Condé. Les intellectuels guinéens doivent sortir de leur silence pour tirer la sonnette d’alarme avant qu’il ne soit trop tard.
En tout cas, le peuple observe, au moment opportun, il saura agir en conséquence. Mahatma Gandhi disait :«Il y’a beaucoup de causes pour les quelles je suis prêt à mourir mais aucune pour laquelle je suis prêt à tuer».
La candidature de Doumbouya est synonyme du troisième mandat et la candidature de Dadis. Les Guinéens doivent s’y opposer catégoriquement par tous les moyens légaux, sinon, bienvenue à une dictature sanglante et regrettable.
Évitons ensemble de commettre les erreurs du passé.
Alpha BAYO, acteur de la société civile guinéenne, défenseur des Droits de l’Homme.