Après un second tour qui a laissé planer le doute jusqu’au bout, Recep Tayyip Erdogan, l’homme fort de la Turquie depuis 20 ans, continuera à diriger le pays pendant les cinq prochaines années, et ce malgré une société turque fortement polarisée. Il faut dire que son bilan n’est pas sans tache en particulier sur l’aspect économique.
Dans l’actualité : alors que les partisans d’Erdogan fêtent sa nouvelle victoire électorale – avec plus de 52 % des voix – le cours de la livre turque s’est effondré en parallèle.
Il fallait 19,97 livres pour un dollar à la clôture des bourses, avec un pic à 20, et c’est là un nouveau record. « Nous avons des perspectives assez pessimistes sur la livre turque en raison du maintien d’Erdogan au pouvoir après l’élection » estimait auprès de CNBC Brendan McKenna économiste des marchés émergents et stratège des changes de Wells Fargo.
Celui-ci prédit une livre qui va encore se dévaluer : selon lui il en faudra 23 pour faire un dollar à la fin du deuxième trimestre, puis 25 dès l’année prochaine.
La livre continue là une dévaluation qui n’est pas neuve : elle a perdu 77% de sa valeur par rapport au dollar sur les cinq dernières années. Et Recep Tayyip Erdogan a une part de responsabilité dans cette mauvaise santé monétaire.
Un président qui joue à l’apprenti-sorcier
La Turquie est confrontée au double fléau de la dévaluation monétaire et de l’inflation hors de contrôle. Celle-ci est estimée en moyenne à 44 % en avril en rythme annuel, bien qu’elle a connu des sommets à 85% durant l’automne 2022. Le prix de certaines denrées alimentaires de base a été multiplié par six. C’était d’ailleurs un boulevard pour l’opposition, que le président sortant a tenté de barrer en multipliant les attaques contre les progressistes et les milieux LGBT+ ; comme un voile conservateur sur son bilan économique.
Car Erdogan s’est entêté à baisser les taux d’intérêt, ce qui est précisément l’inverse de la marche à suivre pour calmer l’inflation. Tout en menaçant de prison les économistes qui contrediraient les chiffres avancés par l’État.
Le président continue aussi à rechercher la croissance à tout prix et à stimuler l’exportation, mais la faiblesse de la livre a vidé les réserves de devises étrangères du pays.
Or, après sa victoire, on ne voit pas pourquoi le président turc, à la fois chef de l’État et du gouvernement, changerait soudainement son fusil d’épaule. Tous les analystes prévoient une période économique pour la Turquie.
Guineesouverain avec businessam