Ce 30/06/2023 à 00H00, marque la fin du délai imparti par les autorités guinéennes pour l’acquisition de nouveaux permis de conduire biométriques et les nouvelles immatriculations des véhicules. Passer ce délai, les contrevenants devront faire face à des contraventions.
Plus d’une année du lancement du processus et après plusieurs reports, voilà seulement un peu plus de 70 000 permis renouvelés dixit Mamadou Keita (DNTT). Ces chiffres sont insignifiants au regard des millions d’automobilistes détenteurs de l’ancien permis de conduire, mais sont aussi révélateurs d’un manque d’adhésion des populations.
Le Permis de conduire est régi par le Code de la route de 2018 et ses textes d’application. Il est l’autorisation administrative permettant à son titulaire de conduire un véhicule sur une voie ouverte à la circulation publique. En tant qu’autorisation administrative, elle doit être délivrée par l’administration.
Par ailleurs, aucun texte législatif ou réglementaire guinéen ne stipule le droit des entreprises privées à délivrer des permis de conduire.
Dans un pays, où le salaire minimum n’excède pas les 500 000 GNF, sachant que la confection du passeport biométrique est au minimum de 500 000 GNF, comment peut-on imposer, sans la moindre concertation, le tarif de 1 200 000 GNF/moyen, soit une augmentation d’environ 600% par rapport au coût de l’ancien, qui plus est pour le renouvellement du permis de conduire ?
Pour se faire, afin de soulager le citoyen de cette nouvelle charge qui pèse lourd dans son panier, nous invitons les autorités non seulement à surseoir au délai butoir pour le renouvellement, mais également de revoir à la baisse les coûts de ladite opération. Ce au risque de plonger davantage les populations dans la précarité administrative et financière.
S’agissant du processus de biométrisation en Guinée, elle interroge dans la mesure où les bases de données d’informations à caractère personnel sont éclatées. A l’origine, son instauration en République de Guinée devait contribuer à moderniser l’administration et permettre la centralisation desdites données. La base de données en résultant devant servir à la fois à faciliter l’identification et la réalisation des pièces administratives des citoyens.
Malheureusement, face à la multiplicité de centres de collecte, il y a lieu de s’interroger sur l’intérêt de la biométrie, car son coût reste extrêmement élevé tant son utilisation semble irrationnelle. Au lieu d’être une solution, un remède à nos maux, elle devient un épouvantail budgétivore servant à d’autres intérêts.
Réussir un tel projet nécessite une large adhésion de toutes les parties prenantes. Cela passe par une communication et sensibilisation dans la durée.
Mory Camara, membre de la Cellule de Communication du MODEL