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De l’urgence et de la nécessité de la refondation du mouvement syndical guinéen (Par Michel Pépé Balamou)

   Le mouvement syndical guinéen n’est que l’ombre de lui-même aujourd’hui du fait de sa déliquescence et de son évanescence. Bon nombre d’organisations syndicales sont bicéphales, voire tricéphales. Des retraités à la tête de beaucoup de structures syndicales des travailleurs actifs quand bien même que la loi leur offre la possibilité de créer des fédérations syndicales des retraités, sans oublier la non tenue des congrès électifs à date.

Les mandats illégaux doublés d’une illégitimité systémique font en sorte que les travailleurs sont laissés pour compte à un moment où la demande sociale est très forte, le pouvoir d’achat du travailleur est faible , la cherté de vie a atteint une croissance exponentielle et les travailleurs sans travail décent et une protection sociale sont à la merci des propriétaires de maisons et des maladies professionnelles et des accidents de travail. 

Pire , les travailleurs de la fonction publique sont confrontés actuellement à cet épineux et éternel recensement. 

Les 13 centrales du pays n’ont fait aucune déclaration de soutien à la classe ouvrière. Le principal souci , c’est la mangeoire et le partage de postes dans les différents conseils d’administration de la caisse nationale de prévoyance sociale et la caisse nationale de sécurité sociale. 

  S’il y’a un domaine de la vie nationale où le CNRD a lamentablement échoué dans sa vaste ambition de refondation de l’Etat , c’est bien entendu au niveau du mouvement syndical guinéen. Non ingérence de l’Etat dans les affaires syndicales ne signifie nullement pas droit d’indifférence . L’Etat a le plein droit de jouer son rôle de gendarme pour réglementer un secteur de la vie nationale sans prendre fait et cause pour Paul ou Pierre, une sorte d’arbitrage, parce que garant de l’ordre social. 

  Le ministre de la fonction publique et du travail, au lieu de s’inscrire dans cette voie , a préféré la politique d’accommodation et d’assimilation des vieilles pratiques , celles d’être solidaire à une gérontocratie syndicale , solidarité générationnelle oblige parce qu’il est lui-même de la même génération qu’eux, ce qui d’ailleurs contraste avec la politique de l’alternance générationnelle prônée par le CNRD mais aussi dans une fausse posture de réconciliateur des factions dissidentes de l’USTG ( USTG MAMOU du camarade Abdoulaye Camara et L’USTG Conakry du camarade Abdoulaye Sow ) , opte pour le partage du gâteau au niveau des postes à pourvoir aux sein des différents conseils d’administration de la caisse nationale de sécurité sociale ( CNSS) et de la caisse nationale de prévoyance sociale ( CNPS). Et tenez vous bien avec la reconduction des noms de syndicalistes qui sont dans ces conseils d’administration depuis 2015 et qui veulent faire leur temps, le temps de leurs enfants et celui de leurs petits-enfants. 

  Finalement le ministre réconciliateur est pris à son propre piège. Il a oublié que les membres de cette gérontocratie syndicale affairiste ne sont d’accord que sur leur désaccord. 

La preuve en est qu’il avait convié hier jeudi 30 mars 2023 les deux factions dissidentes de l’USTG au ministère de la fonction publique de 15h à 17h pour donner deux noms devant siéger dans les deux caisses de protection sociale en présence de son cabinet. 

Préalablement deux noms avaient déjà été proposés : le camarade Amadou Diallo de l »USTG Conakry et le Camarade Mohamed Lamine Camara de l’USTG Mamou . Mais le choix du camarade lamine de l’USTG Mamou a du mal à être accepté par son propre camp. D’où par conséquent, une nouvelle dissidence dans une faction dissidente. La raison est toute simple, parce que le camarade Lamine aurait rejoint L’USTG Conakry du camarade Abdoulaye Sow.

Est-ce que si c’est une réconciliation sincère , ce problème aurait droit d’exister au sein d’une même centrale syndicale unifiée ? Ou bien c’est une réconciliation de façade uniquement parce qu’on veut occuper des postes dans les conseils d’administration ?

Et la honte dans tout ce film hollywoodien dont le metteur en scène est le ministre de la fonction publique, c’est que la cheffe de cabinet de ce ministère qui ne peut-être que leur petite-fille à dit ceci : << vous vieux ne pouvez pas venir discuter ici sans vous entendre sur quelque chose.

Monsieur le ministre enfermons- les dans cette salle et ils ne sortiront que lorsqu’ils se seraient entendus sur un nom.>>.

Quelle humiliation ! Quelle image on donne au mouvement syndical guinéen ?

Pour des petits postes , des grands-pères se font remonter leurs bretelles par celle qui ne pouvait être que leur petite-fille. 

La réponse du ministre de la fonction publique à sa cheffe de cabinet a été tranchante : << Non nous n’allons pas les enfermer ici . Qu’ils aillent s’enfermer chez eux et nous sortir un nom. A défaut nous choisirons un nom au niveau de la troisième centrale syndicale.>>. 

On dirait que ce ministre a déjà organisé des élections sociales pour mesurer le degré de représentativité des organisations syndicales en Guinée pour leur attribuer des postes.

Les seules simulacres d’élections sociales organisées en Guinée étaient celles de 2016 dans lesquelles le ministre Albert Damatang Camara avait attribué des scores à certaines centrales syndicales. Des élections sociales non inclusives et transparentes qui ont donné 75% de voix à la CNTG, un score à la soviétique. Allez comprendre le reste. Et les 25 % aux autres centrales syndicales. C’est sur la foi de ces résultats fabriqués de toutes pièces que l’actuel ministre de la fonction publique et du travail se fonde .pour repartir les postes ,dévolus aux syndicats dans les institutions sociales. Donc la CNTG seule occupe les 75% de ces postes. Et les 12 autres centrales syndicales se contentent des 25%.

Monsieur le ministre réformateur de la fonction publique et du travail, prière de bien vouloir revoir votre copie. Votre salut viendra de l’application de la loi L0027.

Vous avez piétiné cette loi au profit du consensus, du partage du gâteau entre des loups affamés qui ne sont d’accord que sur leur désaccord. 

Il faut appliquer la loi. Nul n’est au dessus de la loi et nul n’est censé ignoré la loi. Dura lex sed lex ( la loi est dure mais c’est la loi.).

Monsieur le Ministre vous finirez par comprendre que cette jeunesse syndicale est l’alternative la plus crédible actuellement dans le Landerneau syndical guinéen. On vous tient à l’œil .

 Nous prions humblement le président de la transition de bien vouloir surseoir à toute signature de projet de décret allant dans le sens de la nomination des membres des conseils d’administration des deux caisses de protection sociale, le temps de nettoyer ce secteur. 

Vive la refondation du mouvement syndical guinéen !

Vive L’alternance générationnelle !

À bas l’affairisme syndical !

Par Michel Pépé Balamou, secrétaire général du Syndicat National de l’Education (SNE)

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