Début novembre, l’Ethiopie a mis un terme à la guerre civile entre les troupes gouvernementales et les indépendantistes du Tigré. Mais dans la région, la population paie toujours les conséquences du conflit.
Pendant deux ans, la région du Tigré a littéralement vécu sous blocus, privée de tout, de nourriture, de soins, d’électricité, de téléphone, de carburant. Depuis septembre, même l’aide humanitaire n’avait plus le droit d’entrer au Tigré.
Ethiopie : les forces rebelles et les autorités fédérales acceptent l’instauration d’un « accès humanitaire à tous ceux dans le besoin » au Tigré
Pendant deux ans, cette région a été le théâtre d’une terrible guerre civile à huis clos, dont le monde n’a jamais vu la moindre image. Une guerre qui malgré ses deux millions de déplacés et ses 600 000 morts (plus qu’en Ukraine) a été quasiment oubliée par la communauté internationale.
Depuis deux mois et la signature d’un cessez-le-feu, il n’y a plus de combats, pas à pas, le gouvernement d’Addis-Abeba et les rebelles du nord qui voulaient faire sécession appliquent leur accord de paix. Mais, deux mois, ça ne suffit pas évidemment pour se relever de l’un des conflits les plus meurtriers de la planète.
Un retour progressif à la normale
Il y a des choses qui s’arrangent, malgré tout : depuis dix jours, par exemple, la police fédérale est revenue dans le Tigré pour y assurer la sécurité publique. Le 28 décembre, un avion d’Ethiopian Airlines a fait la liaison entre la grande ville de la région, Makalé, et la capitale : c’était le premier vol commercial depuis 18 mois. Il y en a maintenant quasiment tous les jours et les familles séparées par la guerre se retrouvent progressivement. Les communications téléphoniques d’ailleurs commencent à être rétablies et la banque principale a repris ses opérations en tout cas dans les grandes villes.
Il reste malgré tout un problème majeur : la malnutrition. Les ONG qui ont de nouveau accès à la région voient défiler les enfants au visage émacié et aux os saillants qui rappellent la famine des années 1984-1985. La sécheresse dans la région n’arrange rien. Le programme alimentaire mondial, le PAM, estime que plus de 20 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’une aide d’urgence et va faire venir d’Ukraine 60 000 tonnes de céréales supplémentaires.
Des gants de chirurgien réutilisés
Les besoins sont immenses. Même les médicaments basiques ne sont pas en nombre suffisant ; à l’hôpital principal de Makalé, le Dr Kibrom Gebreselassie explique à la BBC que « beaucoup d’enfants sont morts à l’hôpital parce qu’une fois qu’un enfant souffre de malnutrition, ce n’est pas seulement de la nourriture qu’il faut lui donner. Ils ont besoin de médicaments, d’antibiotiques, de minéraux… et nous n’avons pas cela ». En tant que chirurgien, il n’a pas assez de gants pour ses opérations, alors, il les lave et les utilise trois fois pour trois patients différents.
Jeudi 12 janvier, les cheffes de la diplomatie française et allemande, Catherine Colonna et Annalena Baerbock iront ensemble à Addis-Abeba saluer le processus de paix. Les Éthiopiens leur demandent, aussi, de venir avec un soutien humanitaire.
Guineesouverain avec francetvinfo