Les rencontres comme โFrance Afriqueโ, โChine Afriqueโ, โRussie Afriqueโ, illustrent un dรฉsรฉquilibre flagrant, un seul pays engage un dialogue avec l’ensemble du continent africain. Cette dynamique, perรงue comme dรฉvalorisante, met en lumiรจre les faiblesses de la gouvernance et de la coopรฉration intra-africaine.
Cependant, il est crucial de reconnaรฎtre que ce dรฉsรฉquilibre ne peut รชtre entiรจrement imputรฉ aux dirigeants africains. Il rรฉsulte รฉgalement d’un systรจme international aux rapports de force historiquement inรฉgaux et biaisรฉs, comme l’affirment les thรฉoriciens rรฉalistes des relations internationales.
Mรชme si les relations internationales sont dominรฉes par la puissance, l’anarchie et les conflits, il est temps pour l’Afrique de comprendre qu’elle est ร la fois autonome et puissante. Son avenir lui appartient si elle choisit la coopรฉration au lieu de la compรฉtition, et s’engage dans la construction de sa propre stratรฉgie au lieu de dรฉpendre de celles d’autrui.
Tout comme dans les systรจmes informatiques, l’Afrique a besoin d’une mise ร jour de ses logiciels politiques. Le vรฉritable dรฉfi rรฉside dans sa capacitรฉ ร unir ses forces pour transformer ces interactions inรฉgales en partenariats รฉquitables, oรน elle nรฉgocie d’รฉgal ร รฉgal avec ses partenaires รฉtrangers.
La question de la gouvernance est centrale. Une gestion transparente, efficace et cohรฉrente est indispensable pour propulser le continent vers l’avant. Mais il ne s’agit pas seulement de changer les mentalitรฉs des dirigeants ; il faut aussi renforcer les institutions, promouvoir l’รฉducation, encourager l’innovation, et surtout, favoriser une intรฉgration rรฉgionale plus profonde pour permettre ร l’Afrique de parler d’une seule voix sur la scรจne internationale.
Il est aussi crucial de comprendre que la situation actuelle exige non seulement des idรฉaux, mais aussi des stratรฉgies pragmatiques pour surmonter les dรฉfis รฉconomiques et politiques. Cela inclut la rรฉduction de la dรฉpendance ร l’aide extรฉrieure, la crรฉation de richesses internes, et la promotion d’une rรฉelle indรฉpendance รฉconomique.
L’avenir de l’Afrique se joue dans les dรฉcennies ร venir, et ce futur doit รชtre faรงonnรฉ par une vision collective et un engagement commun de tous les pays africains. Cela passe par une intรฉgration continentale renforcรฉe, l’harmonisation des politiques รฉconomiques et sociales, et l’instauration d’institutions solides capables de dรฉfendre les intรฉrรชts du continent ร l’รฉchelle mondiale.
Je lance un appel aux prรฉsidents africains pour qu’ils se montrent comme des dirigeants lรฉgitimes et prudents, car les โsauveursโ ne sont jamais la solution. Il est essentiel de dรฉpasser les critiques pour proposer des solutions concrรจtes, en travaillant ensemble ร la construction de l’Afrique que nous voulons voir รฉmerger.
Jamais l’Amรฉrique latine ou l’Asie n’ont รฉtรฉ ainsi convoquรฉes. Nulle part ailleurs dans le monde, un seul pays ne convoque tout un continent. Cette situation est vรฉritablement dรฉvalorisante.
En 1950, la Chine et l’Afrique รฉtaient au mรชme niveau de dรฉveloppement. Que s’est-il passรฉ depuis pour que nous soyons ร la traรฎne ? Oรน รฉtions-nous pendant que d’autres progressaient ? Comment avons-nous laissรฉ ce retard s’accumuler ?
Le dรฉveloppement ne se fait pas naturellement ; il se construit. La bonne gouvernance se caractรฉrise par une gestion objective, en opposition ร la prise de dรฉcision hiรฉrarchique traditionnelle. Le nouveau management public s’inscrit dans cette perspective, et le management doit รฉgalement รชtre appliquรฉ au domaine politique.
La bonne gouvernance n’est pas simplement une question d’exercice du pouvoir ; elle implique aussi une maniรจre de repenser le pouvoir et l’action publique, oรน la sociรฉtรฉ civile et les ONG participent activement ร la prise de dรฉcision.
Les agriculteurs du continent africain doivent acquรฉrir les compรฉtences nรฉcessaires pour devenir de vรฉritables acteurs du dรฉveloppement. Rappelons-nous des discours du Prรฉsident Thomas Sankara, qui abordait des sujets environnementaux ร une รฉpoque oรน ces thรจmes รฉtaient encore peu traitรฉs en Occident. Depuis le Burkina Faso, il parlait d’รฉcologie, d’รฉgalitรฉ, et de dรฉveloppement en lien avec le libรฉralisme et le nรฉolibรฉralisme.
Il est temps d’apporter un souffle nouveau, un รฉlan idรฉologique renouvelรฉ dans la poursuite de l’idรฉal panafricain.
Amadou BAH, Analyste International