Le gouvernement gambien a désigné un officier de la marine comme l’auteur et le meneur présumés de la tentative de coup d’État ratée.
Le caporal Sanna Fadera était détenu avec quatre autres officiers, dans le cadre d’une opération en cours depuis mardi.
Le gouvernement a déclaré que les troupes loyalistes étaient toujours à la recherche de deux complices présumés, après l’arrestation d’officiers de la marine, de la police militaire, de la garde nationale et des premiers bataillons d’infanterie.
Le principal parti d’opposition et le bloc régional ouest-africain ont condamné la tentative de coup d’État, tout comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a déclaré que l’organisme régional soutenait fermement le gouvernement du président Adama Barrow.
La Gambie est un pays d’Afrique de l’Ouest largement stable, apprécié des vacanciers pour ses plages et sa faune sauvage.
La vie s’est poursuivie normalement dans la capitale, Banjul, depuis que le gouvernement a déclaré mercredi qu’il avait déjoué un projet de coup d’État la veille.
Dans le même temps, le directeur de campagne du principal parti d’opposition, Momodou Sabally, a été arrêté par la police en raison d’une vidéo TikTok largement diffusée qui suggère que M. Barrow serait renversé avant les élections locales de l’année prochaine.
La déclaration de la police n’a pas établi de lien entre M. Sabally, qui était ministre des affaires présidentielles sous le régime de l’ancien dirigeant Yahya Jammeh, et le prétendu projet de coup d’État.
Le Parti démocratique uni (UDP) de M. Sabally a déclaré qu’il condamnait, « sans aucune réserve », la tentative de coup d’État.
Il a également exigé la libération immédiate de M. Sabally, affirmant que la vidéo, qui a fait l’objet d’un « montage court », ne reflétait pas exactement son point de vue.
« Rien n’indique que M. Sabally ait déclaré ou suggéré de quelque manière que ce soit qu’il y aura un changement de gouvernement par des moyens illégaux ou illicites », a-t-il ajouté dans une déclaration.
M. Barrow a battu M. Jammeh, dont le règne de 22 ans a été marqué par la répression et la brutalité de l’État, en décembre 2016, et a remporté un second mandat l’année dernière.
Choqué par la tournure des événements, M. Jammeh a été contraint de s’exiler en Guinée équatoriale, même s’il reste une figure influente en Gambie, l’un des plus petits pays d’Afrique.
De nombreux officiers supérieurs ont quitté l’armée après la prise de fonction de M. Barrow.
Il s’est montré méfiant à l’égard des militaires, des troupes du Sénégal voisin étant chargées de sa sécurité personnelle, tandis que le principal aéroport international et le port maritime sont gardés par des troupes du Nigeria et du Ghana respectivement.
Cette situation l’a rendu impopulaire auprès de nombreux Gambiens, qui estiment qu’il a porté atteinte à la souveraineté du pays en s’appuyant sur des forces étrangères.
M. Barrow s’est également attiré des critiques après avoir rompu avec l’UDP, qui l’avait propulsé au pouvoir en 2016, et formé le Parti national du peuple (NPP) pour se présenter aux élections de l’année dernière.
Sa popularité a encore chuté lorsqu’il a annoncé qu’il avait formé une alliance avec l’ancien parti de M. Jammeh, dans ce qui a été perçu comme une tentative de renforcer ses chances d’obtenir un second mandat.
D’autre part, certains alliés de M. Jammeh, comme M. Sabally, sont passés à l’UDP.
Ce n’est pas la première fois qu’Adama Barrow fait face à une tentative de coup d’État : en 2017, juste après le départ forcé de Yahya Jammeh, 12 militaires avaient été arrêtés pour complot contre le nouveau président.
AFP