Discours du Secrétaire Général du Syndicat National de l’Éducation ( SNE) à l’occasion de la célébration de la 6ème Journée Mondiale de l’Éducation.
Cher(e)s enseignant(e)s
Ce mercredi 24 janvier 2024 marque la célébration de la 6ème Journée Mondiale de l’Éducation . Il convient de rappeler que le monde de l’éducation a célébré la toute première journée internationale proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2018 afin de mettre en lumière le rôle de l’éducation pour la paix et le développement..
Cette année , l’UNESCO dédie la Journée Mondiale de l’Éducation au rôle du système éducatif et des enseignants pour lutter contre les discours de haine, une menace pour nos sociétés qui s’est accrue ces dernières années via les réseaux sociaux. Les discours de haines alimentent les préjugés et les discriminations et peuvent contribuer à la banalisation et à la normalisation de la violence. Leur récente escalade , notamment au Proche-Orient , précisément dans l’éternel et sempiternel conflit Israëlo -palestinien , amplifiée par l’utilisation des réseaux sociaux et exacerbée par de nouvelles crises prolongées dans différentes régions du monde a de graves répercussions sur la sûreté et la sécurité des communautés à travers le monde .
A la suite de l’attaque terroriste du Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre 2023, l’Anti-Defamation League a constaté une augmentation de 337 % des incidents antisémites aux États-Unis, de 320 % en Allemagne et de 961 % au Brésil par rapport à l’année précédente, ainsi qu’une augmentation de 818 % aux Pays-Bas par rapport aux trois dernières années. L’Institute for Strategic Dialogue (ISD), basé au Royaume-Uni, a également constaté que le volume des discours anti-musulmans sur YouTube avait été multiplié par 43 entre les quatre jours précédant et suivant l’attentat
Cher(e) s camarades enseignant(e)s
En tant qu’éducateurs, instructeurs, enseignants , formateurs , transformateurs des âmes , leaders en temps de crise , façonneurs d’avenir et vitrine de la société, il nous revient la mission sacerdotale de bannir dans nos gestes, comportements et langages tant à l’école ,les réseaux sociaux que dans les médias les germes contagieux du discours de la haine et de la discrimination en vue de l’émergence d’une école de la République plus laïque et tolérante dans une société guinéenne juste et égalitaire. Nous devrons donner à nos élèves des moyens de déconstruire les discours de haine au nom des principes de l’unicité, de la forme républicaine et de la laïcité de l’Etat. Seule l’éducation de nos élèves pourra nous permettre de consolider les bases d’une société guinéenne solidaire, démocratique et respectueuse des droits de l’homme.
Cher(e)s intrépides combattant(e)s de la justice sociale
Nous vivons une période difficile pour l’école et pour les enseignants. Les réformes entreprises par le Ministère de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation ( MEPU-A ) sans concertation des partenaires sociaux ni évaluation des contrats de performance ont dégradé nos conditions de travail et de vie , alourdi nos tâches, fragilisé nos statuts, réduit nos moyens et remis en cause nos libertés pédagogiques. Les inégalités profondes entre d’une part , écoles publiques et privées et d’autre part entre écoles urbaines et rurales en termes de qualité des enseignements et des apprentissages et de rendements scolaires lors de la proclamation des résultats des examens nationaux sont devenues très profondes . Les pressions , les intimidations et les trafics d’influence sont devenus monnaie courante. Les récentes nomination aux différents postes de responsables dans l’administration scolaire et dans les structures d’encadrement sont une ode à la médiocrité et à l’incompétence institutionnalisées avec ce slogan venant de la bouche du premier responsable du MEPU-A: << Je préfère un cadre incompétent loyal à un cadre compétent déloyal. >>. Pire ce slogan est appliqué à l’école de la République.
Face à cette situation nous ne devons pas rester silencieux et résignés . Nous devons nous mobiliser, nous organiser, nous défendre et nous faire entendre par tous les moyens légaux.
Camarades pionnier (re)s et ami(e) de l’école
Une enquête récente menée par l’UNESCO et IPSOS dans 16 pays a révélé que 67 % des utilisateurs d’internet déclarent avoir été confrontés à des discours de la haine en ligne et que 85 % se disent préoccupés par l’impact et l’influence de la désinformation sur leurs concitoyens, la considérant comme une menace réelle susceptible de déstabiliser les sociétés. L’éducation offre plusieurs moyens de s’attaquer aux causes profondes des discours de haine et de sensibiliser les apprenants à leurs formes et conséquences en ligne et hors ligne. Il s’agit notamment de doter les élèves des compétences nécessaires pour reconnaître la haine et l’injustice et y répondre, de leur transmettre les valeurs de respect, de la diversité et des droits de l’homme et de leur apprendre à différencier le discours de haine et de la liberté d’expression. L’éducation constitue une force d’inclusion pour tous et notamment pour les plus d’un milliard de personnes ( jeunes et adultes) qui ne maîtrisent pas les compétences en alphabétisation.
Selon l’ONU , 617 millions d’enfants et d’adultes à travers le monde ne sont pas scolarisés ou ne maîtrisent pas la lecture ou les mathématiques.
Nos dirigeants doivent promouvoir le programme de développement durable à l’horizon 2030 ( adopté en 2015) , qui consacre l’éducation comme facteur décisif à la réalisation des << 17 objectifs pour sauver le monde >> et notamment celui d’ << assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie >>.
Ils doivent organiser des formations en ligne d’une journée pour permettre à plusieurs milliers d’enseignants d’être mieux outillés pour mieux repérer, traiter et prévenir les incidents liés au discours de haine. .
Bonne célébration à toutes et à tous