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La Guinée organise du 29 au 30 juillet un forum pour célébrer les deux ans de la Compagnie du Transguinéen (CTG).

La Guinée et ses partenaires discutent de l’impact socio-économique de Simandou et du Transguinéen

La Guinée organise du 29 au 30 juillet un forum pour célébrer les deux ans de la Compagnie du Transguinéen (CTG). Pendant deux jours, le gouvernement, les représentants du secteur privé local et les compagnies minières pilotant le projet de fer Simandou ont échangé sur l’impact socio-économique de Simandou en général et de la CTG en particulier pour la Guinée.

La CTG est une coentreprise créée en 2022 pour construire, détenir et exploiter les infrastructures ferroviaires et portuaires liées à l’exploitation du minerai de fer de Simandou. Notons qu’un investissement global de 20 milliards de dollars est prévu pour le projet Simandou, dont 15 milliards de dollars pour le chemin de fer de plus de 600 km et le port minéralier.

Les deux consortiums qui se partagent les quatre blocs du gisement mobiliseront le financement pour les différents travaux et ont obtenu chacun 42,5 % d’intérêts dans CTG, contre 15 % pour l’État guinéen. Ce dernier deviendra l’unique propriétaire des infrastructures, au bout de 35 ans d’exploitation. En positionnant la Guinée comme le premier producteur africain de minerai de fer, avec plus de 100 millions de tonnes de minerai livrées par an, Simandou contribuera aussi au développement économique du pays.

Sur les sept prochaines années, le gouvernement estime que 50 % de la croissance économique guinéenne sera attribuable à Simandou. Entre l’entrée en production du gisement fin 2025 et 2030, les revenus du gouvernement devraient en outre passer de 500 millions de dollars par an à 1,1 milliard de dollars. Après 2040, environ 2 milliards de dollars sont attendus par l’État en recettes fiscales et dividendes.

Développer le secteur privé local

Au-delà de l’apport direct au budget de l’État, Simandou est considéré comme un catalyseur pour l’émergence d’un secteur privé guinéen plus fort. Des assurances ont ainsi été obtenues auprès des compagnies étrangères opérant sur le gisement pour une implication maximale des entrepreneurs guinéens dans la construction puis l’exploitation du gisement.

Selon Saifoulaye Baldé, DG de la Bourse de Sous-Traitance et de Partenariats (BSTP), ce sont 80 millions de dollars de contrats qui ont déjà été conclus entre des sociétés guinéennes d’une part et Rio Tinto Simfer ainsi que Winning Consortium Simandou d’autre part. Intervenant dans l’un des panels de l’évènement, il a souligné le rôle de la BSTP dans la formation d’un pool d’entreprises locales pouvant répondre aux exigences des compagnies minières.

« Le contenu local est devenu une réalité sur Simandou et nous sommes un fruit de ce travail. Nous avons des entreprises guinéennes qui accèdent aux gros marchés. Cela passe par un travail en amont que nous avons effectué depuis plusieurs années », a expliqué Amadou Kaba, PDG de la Société Guinéenne de Prestation et de Construction (GPC).

Pour l’homme d’affaires à la tête de GPC, davantage d’entreprises guinéennes pourraient accéder aux contrats importants en se conformant aux standards internationaux, notamment en matière d’exigences ESG. C’est l’une des missions de la BSTP qui affirme avoir déjà aidé 5 000 entreprises au cours des dernières années, non seulement pour Simandou, mais pour d’autres compagnies opérant en Guinée. Ce sont au total 100 millions de dollars de contrats que ces sociétés locales ont déjà pu décrocher.

Des contraintes restent néanmoins à surmonter pour améliorer l’accès des sociétés guinéennes aux contrats de sous-traitance liés aux opérations minières. Il s’agit notamment du manque de financement et du déficit de compétences locales. M. Kaba a ainsi plaidé pour que le système financier guinéen soit adapté afin d’accompagner les entreprises locales dans leur croissance.

À cet effet, le ministre guinéen du Plan, Ismaël Nabé a évoqué la possibilité de recourir aux Guinéens compétents et vivants à l’étranger, afin de contribuer à compenser le déficit existant localement. M. Nabé a aussi souligné le rôle de la Banque Nationale d’Investissement de Guinée dans le soutien aux entrepreneurs locaux.

Investir dans le capital humain

Pour le gouvernement guinéen et ses partenaires, Simandou est un « pont vers la prospérité ». Cela signifie que les retombées économiques du projet doivent permettre un développement inclusif et sortir des millions de Guinéens de la pauvreté. Au-delà des 60 000 emplois annuels que devrait générer la phase d’exploitation de Simandou, les autorités accordent une importance particulière au capital humain, surtout en matière d’éducation.

Ainsi, l’État compte allouer 20 % des recettes liées à la CTG et 5 % des recettes provenant des activités minières pour la formation supérieure des jeunes Guinéens et Guinéennes. Cela passe notamment par l’octroi de bourses de formation, avec la particularité de quotas pour chaque préfecture du pays, en vue d’assurer une distribution homogène des chances pour toutes les familles guinéennes. 4 universités régionales devraient également être construites bientôt en Guinée, avec un temps de réalisation évalué à 24 mois.

Concernant le volet transfert de compétences, le gouvernement compte mettre en place la « Simandou Academy ». Il s’agit d’une institution rassemblant les différents acteurs du projet, en vue d’assurer la formation puis le passage de témoin entre les compétences étrangères et celles locales, dans l’exploitation de Simandou.

Simandou, enfin une réalité ?

Selon les prévisions actuelles, le gisement Simandou devrait entrer effectivement en production fin 2025. Si ce calendrier est respecté, les premières cargaisons de minerai devraient être expédiées vers les clients internationaux courant 2026, permettant au peuple guinéen de voir les premières retombées financières de ce gigantesque projet.

L’histoire de Simandou c’est aussi celles des différentes promesses de transformation économique que le plus grand gisement de fer encore inexploité du monde devait apporter aux citoyens guinéens. Pendant plus de deux décennies, aucune avancée concrète n’a néanmoins été enregistrée, sans compter les scandales de corruption qui ont éclaté au fil des changements de propriétaire. Depuis 2021 et l’arrivée au pouvoir de Mamadi Doumbouya, une autre dynamique est néanmoins en place sous la pression du président guinéen.

Cette pression constante a donné lieu en mars 2022 à la signature d’un accord-cadre fixant les principes de co-développement du projet, puis en juillet de la même année à la signature d’une convention de co-développement des infrastructures, avec l’implication de tous les partenaires. Le financement complet du projet a finalement été bouclé cette année et les travaux de construction avancent pour respecter le calendrier fixé par le gouvernement guinéen.

Rappelons que Simandou est composé de quatre blocs hébergeant environ 8 milliards de tonnes de minerai de fer à haute teneur. Les blocs 1 et 2 sont contrôlés par la coentreprise Winning Consortium Simandou, qui implique le sidérurgiste chinois Baowu (49 %) et un consortium de sociétés singapouriennes (51 %). Simfer, coentreprise impliquant aussi de grandes entreprises chinoises, dont Chinalco et Baowu, avec une participation de 53 % pour Rio Tinto, détient les blocs 3 et 4. A E

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