Le 5 septembre 2021, la junte a semblé faire la rupture des maux dont souffrent les Guinéens, après des décennies de confiscation des droits humains. Si le tour de la table n’a pas pu résoudre des conflits, manifester est le dernier recours pour exprimer des cris de cœur. C’est fondamental !
La Charte de la Transition prévoit en son Article 8 : « les libertés et droits fondamentaux sont reconnus et leur exercice est garanti aux citoyens dans les conditions et les formes prévues par la loi. Aucune situation d’exception ou d’urgence ne doit justifier les violences des droits humains. »
Pourquoi donc braver ces dispositions à profit d’un communiqué d’interdiction des manifestions en République de Guinée ? Les élus locaux doivent être du côté des populations tant que celles-ci réclament à l’Etat ses droits.
Le dialogue inclusif, la sécurité, un retour vite à l’ordre constitutionnel, sont la vraie définition d’une transition réussie. Une transition n’a du sens que si la population a confiance en ses dirigeants. Dans une transition, aucun citoyen ne mérite d’être assassiné, torturé, ou abandonné à lui-même. Dans une transition, la priorité n’est pas de construire des infrastructures, même pour rétablir la justice, il faudrait la présence de toutes les institutions constitutionnelles. Dans une transition, on n’a pas besoin de réquisitionner l’armée pour le maintien d’ordre. Dans une transition, le pouvoir n’arrête pas arbitrairement un citoyen pour avoir donné une opinion ou qu’on n’est pas d’accord avec la conduite de la transition. Dans une transition, on n’exclut pas, on rassemble les bonnes idées. Dans une transition, un Président pour qui, la population a pris acte de son coup d’Etat, il n’a pas d’opposants, ni d’ennemis, moins d’adversaires, il doit écouter et prendre en compte les avis de tout le monde. Dans une transition, le Président n’est en conflit avec son peuple que s’il prétend s’éterniser au pouvoir ou manifester le désir d’être candidat aux prochaines élections présidentielles.
C’est la nième manifestation, plusieurs familles sont endeuillées depuis la prise du pouvoir par la junte. De nos jours, les principaux leaders de l’opposition sont en exile, d’autres activistes de la société civile qui luttent pour un retour à l’ordre constitutionnel, sont en prison depuis plusieurs mois, sans jugement. Les voix de la quasi-totalité des leaders d’opinions sont éteintes. Aucune personne daigne rester dans le territoire national et s’exprimer au nom d’une structure qui appelle à manifester.
Rien n’est encore tard pour unir et servir les Guinéens. La Guinée, à nous tous, main dans la main !
Pathé Kourou DIALLO