Le football, jadis symbole d’unité et d’espoir en Guinée, traverse aujourd’hui une crise profonde. Le championnat national, censé nourrir les rêves de milliers de jeunes talents et raviver la ferveur des supporters, est paralysé par des dysfonctionnements structurels et une gestion désastreuse. Cette situation, résultat de décennies de malversations et d’indifférence, menace de réduire ce sport à une simple anecdote dans un pays pourtant épris de ballon rond.
Les 12 clubs de Ligue 1 guinéenne sont à genoux, étranglés par l’absence de subventions indispensables à leur fonctionnement. Faute de financements, ils peinent à payer leurs joueurs, à recruter ou même à préparer des compétitions dans des conditions décentes. Ces subventions, qui devraient être un moteur de développement, restent bloquées dans les méandres administratifs. En face, les autorités sportives, au lieu de répondre à cette crise avec urgence et efficacité, opposent un silence assourdissant, révélant une incapacité chronique à agir. Sous la présidence de Bouba Sampil, la Fédération Guinéenne de Football semble prisonnière d’un immobilisme déconcertant.
En l’absence de vision stratégique et de partenariats innovants, le football guinéen s’enlise. Pire encore, la résiliation du contrat de sponsoring avec Guicopress, pourtant crucial pour le championnat, témoigne d’un manque de professionnalisme et de transparence dans la gestion de la Ligue. Comment peut-on espérer redonner vie à un championnat national si les termes des engagements les plus fondamentaux ne sont pas respectés ? Au-delà des institutions, ce sont les jeunes talents guinéens qui paient le prix fort de ce chaos. Sans compétitions régulières, beaucoup voient leurs ambitions brisées, forcés de renoncer à leur carrière ou de s’exiler.
Pendant ce temps, des pays voisins comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire, en investissant dans leurs ligues nationales, bâtissent des générations de joueurs capables de briller sur la scène internationale. La Guinée, pourtant riche en talents, reste à la traîne. Chaque journée de paralysie du championnat est une opportunité manquée, non seulement pour les joueurs, mais aussi pour tout un pays. Car le football, bien plus qu’un simple sport, est un puissant vecteur de cohésion sociale, de fierté nationale, et d’espoir pour une jeunesse en quête de modèles et de perspectives.
Face à cette situation, il devient impératif de repenser en profondeur la gestion du football guinéen. Il ne s’agit plus de simples ajustements, mais d’une refonte complète du système. Cela passe par une gouvernance transparente, des mécanismes de contrôle efficaces, et des partenariats durables avec le secteur privé. Les dirigeants actuels doivent reconnaître leurs limites et, si nécessaire, laisser place à des profils compétents et visionnaires capables de transformer ce marasme en opportunité de renaissance.
Le football guinéen est à un tournant décisif. Il est temps que chaque acteur prenne ses responsabilités : autorités sportives, clubs, sponsors, mais aussi supporters et médias. Ensemble, nous devons exiger des comptes, dénoncer les dérives, et plaider pour un football digne des ambitions et du potentiel de la Guinée.
Ne laissons pas cette passion, qui transcende les générations et les frontières, être enterrée par l’amateurisme et l’inaction. Le football guinéen peut et doit redevenir une fierté nationale, un levier de développement et une source d’inspiration. Mais pour cela, il nous faut agir, et vite. La balle est dans le camp des dirigeants, mais aussi dans celui de chaque Guinéen. Réveillons-nous avant que ce sport, pilier de notre identité collective, ne disparaisse dans l’indifférence.
Ibrahima sory keita
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