Les forces vives veulent donc renaître. Et c’est Alpha Condé le leader. Oui ! Personne n’en avait parlé jusqu’ici. Tout le monde disait qu’il fallait reprendre le dialogue. Il fallait que ce dernier soit inclusif. Il fallait qu’on suspende les actions judiciaires pour permettre le retour au pays de ceux qui sont partis. Y compris le Président déchu. Le premier de l’histoire politique de la Guinée. Alpha ne bat pas de records, il s’illustre plus tôt de la plus surprenante et cynique des manières. Il arrive à la tête du pays à l’issu d’un processus électoral conduit à sa guise. Processus rendu possible grâce à la mobilisation des forces vives. Donc, il reprend le chemin d’il y a 13 ans.
Alors repartons en 2009. Il est l’un des politiques, candidats potentiels les plus vieux. Il connaît sa situation. Donc il œuvre pour obtenir au sein du CNT une constitution qui ne l’exclut pas. Mais il n’a pas eu besoin de grands efforts. La situation était si fragile, qu’aucun guinéen ne voulait prendre de risque inutile. Donc il gagne. Comme il a réussi à créer et donner une dimension réelle aux Forces Vives. Les leaders politiques et sociaux parlent d’une seule voix, affaiblissent le CNDD et mettent en danger la transition dont la rectification s’imposait.
Alpha a donc vu les choses se dessiner mieux en sa faveur au lendemain du 28 septembre 2009. Il va très vite demander qu’on dégage Dadis pour accélérer l’organisation des élections. Là également, sans trop d’efforts. Tous les leaders acceptent et appuient cette idée. Dadis écarté par la force des choses, Konaté qui était troisième personnalité du CNDD reprend la main. Il gère de manière consensuelle convenons-en. Jean Marie Doré avait les pleins pouvoirs de premier ministre chef du gouvernement. Cela a été dit et constaté. Il restait à Alpha une autre carte à jouer. Celle qui devrait l’aider à gagner démocratiquement.
Il ne se presse pas. Lui qui est arrivé deuxième loin derrière le premier, comprend toute la nécessité de maîtriser à la fois la machine électorale et surtout les choix communautaires. Et pour cela, il se donne le temps qu’il a fallu pour arriver à sa fin. Il gagne devant la naïveté des autres membres des forces vives à qui il va donner des rôles précis au cours de ces deux mandats. Quelques-uns, ministres, d’autres des opposants, partenaires et haut représentant. Alpha, a ses forces et il sait miser sur les hommes qu’il a en face.
Son choix de recréer les forces vives peut avoir pour ambition de bien faire encore, mais à son seul profit. Soit il fragilise le système en place pendant cette transition, il échappe aux poursuites judiciaires pour des crimes économiques et de sang et s’offre non sans miracule la possibilité de redevenir le Chef de l’État. Ou il échoue, mais avec tous ceux qui font le choix de s’associer avec lui, parce qu’ayant en partage les mêmes préoccupations de circonstance. Ainsi et dans les deux cas, soit il envoie à la retraite ses adversaires ou ils partent ensemble. Mais il l’avait promis.
Par Jacques Lewa Léno