Les politiques n’ont pas fini avec les divergences autour de l’essentiel. Les autorités de la transition lancent les travaux d’élaboration de la nouvelle constitution, mais tous ne semblent pas intéressés. Ni par la démarche, ni par le projet dans sa globalité. Certains voudraient qu’on ignore le volet constitution, pour bondir sur l’organisation des élections. Pour eux, il ne faudrait donc pas lancer de discussions autour de la loi fondamentale. La constitution de 2010 abrogée en 2020 est la plus appropriée. Pas de débat. Aucun effort ne serait nécessaire, même pour comprendre ce qu’on veut. Ce sont eux les partisans de la roue. La Guinée et tout ce qu’elle comporte en serait une, il ne faudrait donc pas essayer de la réinventer.
Prenons donc la constitution de 2010. Si elle est appréciée tant, c’est parce qu’elle limitait le nombre de mandats à deux et s’illustrait par des intangibilités. Après, il faut chercher à comprendre les autres bienfaits du texte. Même les dispositions transitoires avaient été maintenues pour de bon et pour lesquelles il était quand même nécessaire qu’on y retouche. Mais tout a bien été observé longtemps. Alpha avait juste mal joué. Il aurait dû poser le débat très tôt. Dès son avènement au pouvoir pour que de bonne foi, les politiques s’entendent.
En 2010, des spécialistes du droit ont participé à l’élaboration de la constitution. Ils ont produit un beau texte, apparemment. Mais il n’a pas été le fruit d’une large consultation. Les conseillers nationaux représentaient certes la nation dans son ensemble, mais ils n’avaient demandé à personne de faire des propositions. Le régime présidentiel qui est au centre des critiques depuis 1958, a été davantage renforcé. Mais comme cette année, les mêmes n’ont pas voulu débattre. Il faut juste disposer d’un texte, peu importe ce qu’il crée ou resout comme problème, l’essentiel, c’est d’aller vite aux élections.
Il faut insister là-dessus, le débat est nécessaire. Il faut mettre sur la table la question du régime et du système politique. Nous devons accepter d’entendre les propositions des uns et des autres. Toutes les propositions ne sont pas à prendre, mais les plus pertinentes ne doivent pas non plus être ignorées, au seul motif qu’on ne voudrait pas sortir d’un cadre prédéfini. C’est le sens du débat pour que nous aboutissions à autre chose probablement. Le plus important sera de minimiser les problèmes actuels et offrir aux futures générations, un État qui se prend en charge. Un État qui ne sera pas le copier-coller d’un autre.
La question de la décentralisation est actuellement décrétée. Le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation, décide de la création des fonctions publiques locales. Le décret est pris. Les collectivités pourraient recruter pour certaines tâches. Seul problème, elles ne sont pas prédisposées à le faire. Elles n’en ont ni les moyens, ni les compétences. La constitution peut clairement donner une vraie dimension aux régions d’abord, ensuite aux communes. Actuellement, les communes ne bénéficient que de 15% des revenus miniers. On peut dans le cadre d’une décentralisation vraie et pour être cohérent, leur allouer 80% pour que les questions de développement soient ramenées à leur niveau.
Par Jacques Lewa Léno