Dans le nord-est du Mali, la ville de Ménaka fait l’objet d’une pression de plus en plus forte de la part des terroristes du groupe État islamique. C’est le cas depuis des mois dans toute la région située dans la zone des « trois frontières », mais ces derniers jours, l’étau s’est dangereusement resserré sur la ville elle-même. Jeudi 18 août, un calme précaire régnait sur place.
Le 12 août, vingt civils étaient tués à Esseylel, à moins de 20 kilomètres de Ménaka. Trois jours plus tard, lundi 15, des combattants du groupe État islamique, à moto, volaient du bétail aux portes de la ville, créant un mouvement de panique : le gouverneur et plusieurs administrateurs civils se réfugient dans le camp militaire et y passent la nuit.
Situation préoccupante
Depuis, la situation s’est calmée, les représentants de l’État malien ont rejoint leurs bureaux et une cérémonie officielle publique a même eu lieu mercredi 17 août. Mais la situation demeure plus que préoccupante : depuis le mois de mars, entre 300 et 700 civils, selon les sources, ont été assassinés dans la région par le groupe État islamique qui, selon les Nations unies, en contrôle les trois quarts. « Ils ont fait de Ménaka leur cible prioritaire », confirme un responsable d’un groupe armé local.
À Ménaka, sont présents la coalition Gatia-MSA, des groupes armés signataires de l’accord de paix et alliés de Bamako, les casques bleus de la Minusma et l’armée malienne – qui n’a pas répondu aux sollicitations de RFI – ; ainsi que ses supplétifs russes. Ces derniers seraient de 20 à 50 hommes actuellement, qui sortent parfois mais rarement de leur camp, selon plusieurs sources locales.
Plusieurs sources sécuritaires maliennes affirment ne pas croire à une offensive immédiate sur la ville. Les jihadistes qui restent présents aux abords de Ménaka conduiraient une vingtaine ou une trentaine de motos – les motos transportant deux hommes armés, la plupart du temps. Lors des offensives les plus massives, ces derniers mois, il y en avait plusieurs centaines.
« Grosses batailles »
« Un nouveau groupe de combattants affiliés à l’EI et basé dans le secteur d’Andéramboukane se renforce, explique l’une de ces sources, pour le moment ils volent du bétail pour le revendre, se financer et grossir. Mais de grosses batailles sont à prévoir ».
Selon les Nations unies, plus de 50 000 déplacés ont trouvé refuge dans la ville, qui est « pleine à craquer », dit un notable de Ménaka inquiet de la situation humanitaire. Et qui conclut : « j’espère que les dirigeants à Bamako ont enfin pris la mesure de ce qui se passe ici ».
Avec Rfi