L’Irlande marque les esprits: les N.1 mondiaux sont venus à bout des champions du monde sud-africains (13-8) dans le choc titanesque de la poule B du Mondial-2023, samedi au Stade de France.
Il fallait gagner l’ascendant psychologique dans cette finale avant l’heure, sans réel enjeu comptable. Irlandais et Sud-Africains s’y sont attachés, marquant au passage les corps, avec une intensité physique hors du commun. C’est réussi pour l’Irlande, qui remporte une 16e victoire de suite, alors que les deux équipes pourraient se retrouver en finale.
Ce qui a manqué aux Sud-Africains? Un buteur. Incapables de convertir en points la domination de leurs avants, ils ont laissé passer leur chance, la faute à la faillite de leurs deux buteurs, Manie Libbock et Faf De Klerk.
Ils pourront regretter l’absence d’Handré Pollard et attendront l’ouvreur, qui devait faire son retour plus tard dans la compétition.
Côté Trèfle, il y avait Johnny Sexton, maître à jouer et imperturbable face aux perches quand il a fallu s’y coller.
L’ouvreur vedette avait pourtant choisi de ne pas botter tout de suite, donnant très tôt le ton de la rencontre. Il fallait marquer vite et fort, avant que la puissance sud-africaine ne fasse son œuvre de destruction. Alors, bénéficiaire d’une pénalité dans les 22 mètres très largement dans ses cordes dès les toutes premières minutes, Sexton faisait le choix de la pénaltouche.
Las, en grosse difficulté sur ses propres lancers (3 touches perdues dans les 22 mètres sud-africains dans le premier quart d’heure), le XV du Trèfle n’en profitait pas.
Terribles en touche, bousculés en mêlées, les Irlandais ne devaient leur salut qu’à une activité intense sur les rucks. Car en face, Manie Libbock, après avoir inscrit la première pénalité, lançait le jeu sud-africain. Plus simple, certes, mais tout aussi efficace pour avancer.
Libbock et De Klerk en échec
Et surgit Bundee Aki. Le trapu centre s’offrait une magnifique percée dans l’agressive défense sud-africaine. Si la chevauchée solitaire ne permettait pas tout de suite de marquer, elle faisait changer la pression de camp (30) et obtenait une nouvelle pénalité dans les 22 mètres sud-africains.
Là encore, Sexton ne prenait pas les trois points, mais tentait à nouveau la pénaltouche. Après plusieurs temps de jeu, l’ouvreur irlandais de 38 ans, provoquait un surnombre en redressant sa course. Au large, James Lowe envoyait ainsi Mack Hansen marquer un essai plein d’intelligence de la part des Irlandais (7-3, 34e)
Enfin, alors que les « Boks » patinaient, se fut l’entrée du « bomb squad » de Jacques Nienaber. En quelques minutes, le sélectionneur sud-africaian faisait rentrer ses sept avants remplaçants. Si l’innovation tactique avait fonctionné en août à Twickenham, infligeant à la Nouvelle-Zélande la pire défaite de son histoire (35-7), elle a encore échoué de peu au Stade de France.
Retrouvant enfin une mêlée dominatrice, les Springboks envoyaient Cheslin Kolbe à l’essai pour passer devant (7-8, 47). Sauf qu’il manquait un buteur à l’Afrique du Sud…
Libbock, qui avait déjà manqué une pénalité en première période, échouait à nouveau sur la transformation. Et comme Faf De Klerk n’était pas en réussite non plus, les champions du monde laissaient filer 11 points au pied.
En face, Sexton ne gâchait pas sa maigre occasion de creuser l’écart, pas forcément mérité au vu de la domination sud-africaine en seconde période (10-8, 59e). Dans une ambiance folle et portée par plus de 30.000 supporters, l’Irlande, avec Jack Crowley entré à la place de Sexton, crucifiait ensuite les « Boks » (13-8, 77e).
Restera maintenant à se remettre de la bataille de Saint-Denis. Pour l’Irlande, ce sera sans doute plus facile. Le XV du Trèfle ne rejoue pas avant le samedi 7 octobre, mais ce sera contre une Ecosse qui devra sans doute s’imposer pour espérer atteindre les quarts.
Pour l’Afrique du Sud, pas le temps de gamberger. Ce sont les Tonga qui se profilent à Marseille dimanche 1er octobre, avec une qualification à aller chercher.