Abdoulaye Seydou, coordonnateur du Mouvement nigérien M62 et farouche opposant à la présence militaire française au Niger, a été incarcéré pour « complicité d’incendie » sur un site d’orpaillage, en lien avec une attaque « terroriste » fin octobre 2022 dans le sud du pays, a annoncé le parquet de Niamey.
M. Seydou était initialement poursuivi pour présomption de « production et diffusion de données de nature à troubler l’ordre public », a expliqué lundi soir à la télévision publique le procureur de la République, Chaïbou Moussa.
Son mouvement M62 avait accusé les forces de défense et de sécurité « de massacres (…) sur des populations civiles » en représailles à une attaque « terroriste » le 24 octobre 2022 contre un site d’orpaillage à Tamou (sud), près de la frontière du Burkina Faso, a-t-il ajouté.
L’activiste a comparu libre lundi devant le tribunal correctionnel de Niamey où il a été accusé de « faits criminels », a développé le procureur. Il a été placé en détention préventive après son audition par le doyen des juges d’instruction.
Selon le procureur, une enquête de police a montré que « des individus non identifiés » s’étaient rendus sur le site d’orpaillage, « pour incendier des boutiques et des hangars servant d’habitation ».
Ces incendies avaient pour « seul but de créer de fausses preuves pour accabler » l’armée et « créditer la thèse (du M62) de massacres », a estimé le magistrat.
Selon Falmata Taya, une autre responsable du mouvement de M. Seydou, des membres du M62 sont allés à Tamou deux jours après l’attaque, mais uniquement « pour vérifier les faits ».
Selon le ministère nigérien de la Défense, l’armée avait opéré le 24 octobre 2022 une riposte aérienne après la mort de deux policiers dans « une attaque terroriste » ayant visé le poste de police à Tamou, dans la région de Tillabéri, théâtre depuis 2017 d’actions sanglantes de groupes djihadistes.
Sept assaillants avaient été tués et 24 blessés lors des opérations de ratissage, notamment aériennes, contre un site d’orpaillage clandestin proche de Tamou après l’attaque du poste de police, selon le ministère.
L’opposition politique et des organisations de la société civile avaient affirmé que les frappes avaient fait beaucoup plus de victimes que les sept assaillants avancés par le ministère.
AFP