Dans un système où le gouvernement est juste un instrument d’exécution de décisions prises à son insu, il n’y a pas de raisons de croire que l’enjeu véritable se situe au niveau du profil d’un Premier ministre. D’ailleurs il ne peut y avoir de doute sur les qualités intellectuelles et professionnelles des anciens PM, Mohamed Béavogui et Bernard Gomou.
Mais à l’épreuve de la réalité et du contexte, ils ont échoué par le fait du mode de fonctionnement de la junte et de la faiblesse de leur leadership.
> Quels sont les faits ?
Bah Oury a assumé sa constance a soutenir la quasi-totalité des décisions du CNRD, y compris les dérives les plus condamnables face auxquelles il s’est livré à toutes sortes de justifications acrobatiques.
Il y a peu de doutes que l’agenda de la junte reste le même : anéantir les partis politiques représentatifs pour ouvrir la voie de la confiscation du pouvoir à travers le glissement du calendrier de la transition. Dans ce sens, Bah Oury disait récemment : “Le glissement, ce n’est pas un problème. Par exemple, aujourd’hui, vous avez entendu que le Mali a repoussé les élections présidentielles. Ils ont déjà fait le référendum…”
> Quelles sont les perspectives plausibles ?
Première hypothèse : Bah Oury décide de se servir de sa nouvelle position pour faire prendre conscience aux décideurs du CNRD de l’urgence et de la nécessité de rectifier la trajectoire de la transition. Cela dans le sens du retour à l’ordre constitutionnel sur la base de la transparence et de l’inclusivité. Pour y arriver, il exige d’eux un véritable mandat d’actions.
Ainsi, il s’élèvera plus haut que ses sentiments, ses humeurs et surtout de son état d’esprit de ces derniers temps, pour se mettre dans la posture de l’homme d’État qui, à travers des approches lucides, pourra faire bouger les lignes dans la bonne direction. Ce qui serait une excellente chose pour la Guinée et pour lui.
Deuxième hypothèse : Bah Oury joue les cartes de l’aile extrémiste du CNRD en étant le “va-t-en guerre” qui servira d’instrument de mise en œuvre de leur agenda. Il se mettra ainsi sur la même trajectoire qui a conduit les autres à l’échec. Ce qui serait dommage pour lui et pour le CNRD.
> Conclusion
En dépit du fait que sa mission reste très difficile, qu’il ne dispose pas de marge de manœuvre a priori, qu’il doit se remettre en cause par rapport à son récent positionnement politique, je lui souhaite plein succès au bénéfice de la République.
Aliou BAH, président du MODEL