Installés pour servir de barrière entre les engins roulants et les marchés, les murets de nos jours, ne servent plus en rien.
Partout à Conakry, on constate avec amertume la prise d’assaut des routes par des femmes etalagistes et des jeunes vendeurs de friperies. Une pratique qui empêche la fluidité de la circulation et expose des milliers de vies. Chaque année, on enregistre des accidents mortels et de nombreux dégâts matériels suite aux dérapages de certaines voitures le long de ces routes.
Malgré de multiples campagnes de sensibilisation des autorités et quelques ONG de la capitale, le combat contre ce fléau est loin d’être gagné. D’un côté, ces vendeuses qui dénoncent qu’il n’y a plus de place dans les marchés, qu’elles vendent dans la rue. De l’autre, les administrateurs de marchés rejettent en bloc cette accusation.
Ce mercredi, 07 février 2024, notre rédaction s’est rendue au marché d’Enta pour entendre les deux parties (Femmes étalagistes et Administrateurs de marché).
Saran Kaba, vendeuse d’habits friperies, a fait savoir que le marché ne peut pas contenir tout le monde et c’est la mauvaise foi des responsables qui fait qu’elles sortent dans la rue pour gagner leur quotidien.
«Ce que nous traversons ici au marché d’Enta, est très difficile et insupportable en tant que mères de familles. Nous n’avons pas de places dans le marché et elles sont chères par rapport aux recettes que nous faisons par jour. Nos chefs qui sont ici, n’ont pas pitié de nous. Ils ne nous aident pas lorsque nous avons des problèmes avec nos marchandises. Même si tu ne vends pas, quand ils viennent, tu vas obligatoirement payer l’argent. Vous voyez comment, c’est pénible ici», s’interroge t-elle ?
Plus loin, Mme Saran accuse ces administrateurs d’être à l’origine de leurs installations derrière ces murets.
«Aujourd’hui, tout le monde nous accuse d’être responsables des embouteillages au niveau du marché d’Enta. Mais, ce sont nos chefs mêmes qui nous autorisent à vendre nos marchandises, puisqu’ils nous retirent de l’argent au même titre que des autres qui sont dans le marché. Alors, comprenez qu’on n’est totalement pas responsable de ces bouchons», a-t-elle laissé entendre.
Cependant, chez les administrateurs du marché, ces femmes ne veulent pas payer des taxes, raison pour laquelle, elles sont sorties s’installer dehors mettant ainsi en danger leurs vies malgré les efforts.
«Je suis au regret de dire que c’est l’incivisme qui fait que ces femmes et ces jeunes sautent les murets pour venir vendre dans la rue d’une part. Un autre problème, c’est parce qu’ils refusent de payer les petits montants de 1000 ou 2000 francs guinéens pour exposer leurs vies. Et, pourtant, cet argent sert à réparer le hangar, à vider les toilettes publiques. Il y a beaucoup de travaux qu’on fait avec ces montants. Si maintenant, elles nous accusent que c’est nous qui les avons installées là en guise de quelque chose, c’est archi faux.
Parfois, nous sommes obligés de faire intervenir le maire qui envoie les forces de l’ordre pour les déguerpir, mais quelques jours après, ils reviennent encore plus nombreux. Chaque année, vous entendez qu’il y a eu des accidents mortels ici, mais j’ai l’impression que ces femmes et jeunes ne sont pas conscients de tous ces risques», témoigné cet administrateur du marché d’Enta sous l’anonymat.
Vue la gravité liée à cette occupation anarchique des emprises des voies publiques par des étalagistes, il revient aux autorités de prendre leurs responsabilités pour mettre fin à de telles pratiques qui ternissent parfois l’image du pays.
Saliou Benjamin Camara pour Guinéesouverain.com
622 32 82 84