Dès les premières heures de la prise du pouvoir, le CNRD a vu le FNDC, fer de lance de la lutte anti-troisième mandat en Guinée, comme une menace. Un adversaire à mépriser, à affaiblir, voire éliminer, au lieu d’un allié de taille.
Aveuglé donc par la mauvaise perception qu’il a du mouvement, les allégations de sa partie toxique et cancérogène, il pensait plus à comment le neutraliser à tout prix que de privilégier la création de conditions d’apaisement, favorables à l’essor du pays. Ils n’ont pas manqué de commettre l’erreur fatale de demander la dissolution immédiate du mouvement, sous prétexte qu’il n’a plus sa raison d’être. Comme si nous avions recouru à leur avis pour le créer.
Face au refus systématique des membres de céder à l’intimidation, il fallait utiliser la stratégie de la carotte en leur proposant des positions dans l’appareil étatiques. Si les membres ne pensaient qu’à eux et leurs familles, ils auraient bondi dessus.
L’esprit FNDC ne convergeait pas avec celui du CNRD. Dès lors, ceux qui prêchent la morale ne l’incarnent point.
Comment comprendre que ceux qui prônent la refondation de l’Etat soient incapables de transparence, pour nous donner la structure et le fonctionnement de l’organe le plus important de la transition qui est le CNRD ? Ou de déclarer leurs propres biens ?
Comment comprendre que dix mois après la prise du pouvoir, que la transition n’ait pas encore démarré, qu’on n’ait pas encore un chronogramme consensuel ? Que les éléments des Forces spéciales, tombés lors des évènements du 5 septembre, ne soient honorés à titre posthume et qu’on refuse de faire de la lumière sur la répression des combattants pro démocratie une priorité ?
Nos illustres devanciers nous ont libérés du colon blanc. Il est de notre responsabilité, dès lors qu’on a choisi la démocratie comme régime, d’en faire une réalité.
Ne voulant pas accéder à ces revendications légitimes qui nous permettraient de revenir à la normalité, il faut donc instrumentaliser la justice en passant par le Procureur de la terre et du ciel. Pour ce faire, la justice doit être aux aguets à la recherche de la petite bête sur les combattants pro démocratie. Mais un Procureur ne pourra arrêter que quelques corps mais pas les esprits. Et ce sont ces esprits qui se rependront dans la nature pour cerner de toute part le CNRD afin de l’empêcher de non seulement abuser du pouvoir mais aussi de s’y maintenir.
Ce qui permettra au peuple souverain de Guinée de renouer avec l’ordre constitutionnel et fera savoir au futur Président démocratiquement élu que l’un de ses plus grands défis est de passer, à son tour, la main à un président civil démocratiquement élu au terme de ses deux mandats.
Le temps est l’architecte. Le peuple est le maçon !
Mamadou Billo Bah, responsable des Antennes et Mobilisations du FNDC