De violents combats à l’arme lourde entre l’armée et les rebelles du M23 se poursuivaient lundi à une vingtaine de kilomètres au nord de la grande ville stratégique de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a-t-on appris auprès de sources locales civiles et militaires.
« Les combats continuent à Kibumba », dans le territoire de Nyiragongo, ont déclaré sous couvert d’anonymat un habitant et une source sécuritaire interrogés par téléphone depuis Goma.
Des affrontements se déroulent depuis la fin de la semaine dans ce secteur, considéré comme un des derniers verrous sur la route nationale 2 en direction de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, ville de plus d’un million d’habitants dont le M23 se rapproche depuis deux semaines.
Par ailleurs, d’autres mouvements du M23 ont été signalés à une quarantaine de km au nord-ouest de Goma, dans le parc national des Virunga, réputé pour ses gorilles mais également connu pour servir de base arrière à des groupes armés, notamment lesForces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).
« Les rebelles ont avancé vers Tongo », a indiqué Semasaka Murara, chef du groupement (entité administrative) de Tongo. La population panique, « les habitants de Tongo-Centre commencent à fuir », a-t-il ajouté.
Le M23, pour « Mouvement du 23 mars », est une ancienne rébellion tutsi vaincue en 2013 qui a repris les armes en fin d’année dernière, en reprochant à Kinshasa de ne pas avoir respecté des accords sur la démobilisation et la réinsertion de ses combattants.
Sa résurgence a provoqué un regain de tension entre la RDC et le Rwanda. Kinshasa accuse Kigali d’apporter à cette rébellion un soutien que des experts de l’ONU et des responsables américains ont également pointé ces derniers mois. Mais Kigali dément, en accusant en retour l’armée congolaise de collusion avec les FDLR, mouvement de rebelles hutu dont certains sont impliqués dans le génocide des Tutsis en 1994 au Rwanda.
Plusieurs initiatives diplomatiques ont été lancées pour tenter d’apaiser les tensions.
Le président angolais João Lourenço a rencontré vendredi à Kigali son homologue rwandais Paul Kagamé, puis le lendemain à Kinshasa le chef d’Etat congolais Félix Tshisekedi.
L’ancien président kényan Uhuru Kenyatta, désigné facilitateur dans ce conflit par la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (CEA), est à Kinshasa depuis dimanche, notamment pour préparer une prochaine session de pourparlers de paix sur la RDC prévus le 21 novembre à Nairobi.
La région est en proie depuis près de 30 ans aux violences de groupes armés, pour beaucoup hérités de guerres qui ont ensanglanté l’est de la RDC dans le sillage du génocide rwandais.
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