Résurgence des coups d’État en Afrique de l’Ouest : quand des salauds prétendent avoir le salut ( Opinion)

Les armes parlent plus que les urnes ; C’est désormais la règle qui régit l’alternance ou la conquête du pouvoir dans la sous région.
Pour une raison valable ou pour un rien, des hommes en uniforme se déploient sur les points stratégiques de la capitale, quelques tirs pour semer la terreur. On fonce à la télévision d’État, une déclaration. Et paf! le tour est joué, on a le palais ; le président est sommé de signer sa lettre de démission.

C’est le scénario idéal, d’ailleurs le plus efficace et le plus répandu actuellement pour se hisser au sommet de l’État. Plus besoin d’un parti politique, plus besoin de faire campagne pour conquérir un électorat, ni de proposer un projet de société convaincant. Les kalachnikovs ont ravi la place aux urnes, dans ce contexte les balles sont plus performantes que les idées . Heureusement que ce procédé ne garantit ni stabilité , ni développement.

Le plus souvent, quelques mois seulement suffisent pour prouver que ces hommes en uniforme qui prétendent sauver la nation. N’en sont nullement capables. Pire, même assumer pleinement leurs missions régaliennes de sécurisation des citoyens et de défense de l’intégrité du territoire. Ils n’y arrivent pas. Pour preuves, à court terme les capitaines Assimy Goïta et Ibrahim Traoré n’ont pas fait mieux en matière de sécurité que leurs prédécesseurs.

Bref, si les changements anticonstitutionnels opérés par des civils demeurent, une menace pour la démocratie et la stabilité du continent noir, l’immixtion des militaires dans l’arène politique , quant à elle constitue un réel danger pour la survie de nos États. Car les juntes perpétuelles dans l’action politique conduisent inexorablement à la jungle permanente. En clair , trop de bruit de canons et mouvements de bottes , aboutissent forcément à la destination Somalie , c’est-à-dire à l’anarchie.

Et, généralement, les putschistes confondent foules et peuples ou mouvements de soutiens opportunistes et partisans. Ainsi sous des éphémères applaudissements. Ils se plaisent à parler au nom du peuple. Pourtant le terme  » peuple » reste une notion ambiguë, vague et difficile à cerner notamment sous les tropiques . Comme on l’a vu à Niamey, le peuple dont chaque acteur invoque tant afin de se parfumer d’une infime légitimité est capable de sortir dans une manifestation spontanée pour scander vive le président. Puis le lendemain ce même peuple peut également dans une mobilisation massive défiler dans les rues en hurlant, “ À bât le président et vive les putschistes”. Décidément, est-ce que, un tel peuple sait ce qu’il veut réellement ?

Par ailleurs , les militaires omettent naïvement cette fameuse phrase de Machiavel qui dit :«Généralement, les peuples aiment changer de dirigeants mais très vite, ils se rendent compte qu’ils ont échangé un borgne contre un aveugle».
Surtout que beaucoup d’Africains ont déjà compris que derrière un visage angélique arborant un treillis coiffé de béret rouge aux allures de libérateur, peut bien se cacher un redoutable bourreau aux agissements tyranniques . En langage militaire, ça s’appelle l’infiltration par camouflage. Dorénavant, cette stratégie ne se pratique plus au front sur le théâtre des combats .

Mais plutôt dans les capitales politiques au sein des institutions politiques, juridiques et administratives.Est-ce un hold-up institutionnel ou une prise d’otages d’envergure nationale ? Appelez ça comme vous voulez. En tous cas au Burkina faso , dès que vous rencontrerez un Mossi, il vous dira certainement “lafikibaré”. Si vous ne prêtez pas attention à cette expression, vous entendrez aisément que L’Afrique est mal barrée. Et ces derniers heurts au Niger en sont presque une parfaite illustration << l’Afrique est très mal barrée>> !

Ibrahima M’Bemba Bah analyste et consultant politique/Dircom du BL

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