Jamais deux sans trois. Après l’opération sangaris en Centrafrique, barkane au Mali, c’est autour de celle dénommée sabre au Burkina faso d’être sommée de quitter le continent.
Un revers de plus pour l’ex puissance coloniale dont l’influence se détériore peu à peu aussi bien en Afrique que dans le reste du monde.
Alors qu’est qui peut expliquer le rejet croissant et systématique de la France en Afrique ?
1- l’exaspération face à l’insécurité : la résurgence des attaques djihadistes a engendré une crise humanitaire et sociale énorme et difficile à contenir pour les États. Si la paix ne s’improvise pas, l’on concomprend qu’elle ne s’impose pas non plus. Malgré toute l’artillerie occidentale : radars GPS, drones, hélicoptères, avions de chasses, chars de combat déployés au sahel; les djihadistes règnent en maitre absolu du désert et étendent leurs conquêtes au quotidien.Conséquence, l’efficacité et les résultats tant attendus peinent à être visibles et c D’où le sentiment de déception, d’amertume et d’hostilités aux forces étrangères.
2- la pression de l’opinion et les vieux stéréotypes :
De plus en plus, on assiste à l’émergence de mouvements politiques et sociaux menés par des jeunes présumés panafricanistes dont la cible et l’idéologie demeurent des critiques acerbes contre la France. Du COJEP des années 2000 en Côte D’ivoire au Pastef de Sonko au Sénégal en passant par urgence panafricaniste au Bénin, jusqu’au FDP du Burkina tous ont le même discours; La France paternaliste et mercantiliste constitue la principale épine de notre sous-développement et la cause de la misère dans laquelle végètent les deux tiers des Africains.
C’est le stéréotype à l’orée des indépendances. Le mal provient du blanc . Quitte pour eux de botter en touche sciemment ou inconsciemment les dérives autoritaires et les manquements des dirigeants africains. Cette pression des jeunes exercée à travers des discours caustiques et l’occupation régulière des rues impacte considérablement les orientations diplomatiques des nouveaux chefs d’État pour deux raisons: d’une part parceque ces chefs d’État sont issus de ces générations de masse juvénile anti-impérialiste ; d’autre part parceque ces chefs D’État sont en quête, voire assoiffés de légitimité.
3- une politique africaine à géométrie variable exercée par l’hexagone.
C’est une évidence, et d’ailleurs ça saute aux yeux. Paris n’a ni le même discours, ni la même position face aux événements sociopolitiques dans ses anciennes colonies. Pour des faits identiques, on note une posture différente. Ainsi la France peut fermer les yeux et bénir le 3e mandat d’Alassane Ouattara au nom de la stabilité de la Côte d’ivoire et opposer un refus catégorique à Alpha Condé à ce sujet ; puisque ce dernier a été plus favorable aux Russes, chinois et Turques en matière de coopération économique. Elle ( la France) peut saluer le respect des deux mandats de Issoufou au Niger et continuer à faire la fine bouche sur le royaume de Paul Biya au Cameroun. Plus grave, Emmanuel Macron ne se gêne pas d’assister à l’investiture de Deby fils puis ne rien dire sur la volonté affichée du bébé putschiste de se maintenir au pouvoir au détriment du peuple tchadien même s’il marche sur des cadavres; Et au même moment il ( Macron) demande à Assimy Goïta d’accélérer le processus de transition pour un retour rapide des civils au pouvoir. de qui se moque t-on ? Un coup d’État n’est-il pas égale à un coup d’État ?
Aussi longtemps que cette politique africaine du deux poids deux mesures persistera ; aussi longtemps le sentiment antifrançais prosperera et se propagera à travers le continent noir. Car plus le temps passe, plus les générations se succèdent ; et plus les mentalités évoluent avec de nouvelles aspirations.
Ibrahima M’Bemba Bah Dircom du BL/ analyste et consultant politique.