Le journaliste sénégalais Pape Alé Niang, renvoyé en détention depuis deux semaines pour des « informations de nature à nuire à la défense nationale » est « extrêmement éprouvé » par sa grève de la faim, a affirmé lundi un de ses avocats.
« Je prie pour que l’irréparable ne se produise », a dit l’AFP Me Moussa Sarr au sujet du journaliste Pape Alé Niang, en grève de la faim depuis sa nouvelle incarcération le 20 décembre.
L’état de santé du journaliste est devenu « préoccupant » depuis cinq jours après « son refus de suivre le traitement des médecins » à l’hôpital Principal de Dakar où il avait été évacué le 24 décembre, a indiqué la Coordination des associations de presse (CAP), une confédération syndicale dans un communiqué publié dimanche.
Dans un message publié le 29 décembre par Reporters sans frontières (RSF), le journaliste avait déclaré rester « fort et déterminé, toujours prêt à (se) battre pour la liberté de la presse ».
Patron du site d’informations Dakar Matin, M. Niang avait été renvoyé en prison le 20 décembre après avoir été remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire le 14 décembre.
Son contrôle judiciaire était intervenu après plus d’un mois de détention près de Dakar pour « divulgation d’informations de nature à nuire à la Défense nationale », « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles ».
Le parquet de Dakar avait annoncé le 20 décembre dans un communiqué avoir « révoqué » ce contrôle judiciaire.
Il l’avait justifié par les « sorties médiatiques » du journaliste qui sont « une violation des obligations » qui lui défendaient « de communiquer sous aucune forme sur les faits objets de poursuite ».
Le journaliste affirme faire « l’objet d’un acharnement et d’une persécution abominables » de la part du pouvoir sénégalais qui a « décidé de (le) faire taire à tout prix », dans un communiqué publié le jour de son renvoi en prison.
La détention du journaliste a suscité une vague de critiques de la presse et de la société civile contre les autorités. Le Sénégal est volontiers loué par ses partenaires pour ses pratiques démocratiques, mais les défenseurs des droits humains nuancent cette appréciation.
Le Sénégal est 73e sur 180 au dernier classement sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Le pays a perdu 24 places par rapport à 2021.
AFP