Le démarrage laborieux du recensement biométrique, en dépit d’une communication soutenue du CNRD, met une fois de plus en lumière l’amateurisme et l’incompétence qui caractérisent la gestion des affaires publiques depuis l’instauration de la transition.
Sur le terrain, l’opération d’enrôlement des citoyens peine à se concrétiser, contrastant avec les cérémonies officielles.
À Dubréka et dans plusieurs communes de Guinée, une pénurie significative de kits est manifeste, atteignant des situations critiques où un unique kit est attribué à des quartiers regroupant plus de 12 000 habitants.Fort d’une expérience avérée, je tiens à souligner la complexité d’établir un recensement crédible dans des délais aussi contraints, avec des ressources limitées et en l’absence d’un consensus politique et social inclusif.
L’histoire récente nous avertit des périls inhérents à la manipulation du fichier électoral.L’exclusion délibérée des partis politiques et des acteurs de la société civile des commissions de recensement constitue une erreur fondamentale, engendrant un risque substantiel de contestations et d’instabilité. Mener les opérations d’établissement du fichier électoral sans leur participation équivaut à les organiser en opposition à eux. Le délai fixé au 30 mai apparaît d’ores et déjà insuffisant, compte tenu de l’inertie initiale.
La décision de confier l’organisation des élections au Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), dont le passé est entaché de suspicions de fraudes, suscite une vive inquiétude. La déclaration publique de son ministre affichant son soutien au général Doumbouya pour la présidentielle à venir contrevient aux engagements pris dans le cadre de la transition. La militarisation de ce ministère, avec la nomination à des postes clés de sous-préfets, préfets et gouverneurs dépourvus d’expérience avérée en matière électorale, compromet sérieusement sa capacité à garantir un processus électoral fiable et transparent.
De surcroît, des maires élus ont été remplacés par des délégations spéciales nommées en violation flagrante des lois nationales et des engagements internationaux souscrits par la Guinée. Il est alarmant de constater que des cadres mis à l’écart sont nommés à la tête des communes, des quartiers et des districts, avec pour seul critère apparent leur appartenance ethnique et leur soutien affiché à une hypothétique candidature du général Mamadi Doumbouya.
Afin de préserver la paix et l’unité nationale, il est impératif de tirer les leçons des erreurs passées et de privilégier une approche rigoureuse, le respect scrupuleux des lois et une inclusion véritable de toutes les parties prenantes. La Guinée aspire à une gouvernance digne de ses aspirations.
Souleymane Souza KONATÉ, Coordinateur de la Cellule de Communication de l’UFDGPresident de la Commission Communication de l’ANAD.